La protéine Junon, meilleure amie de la fécondation
Rédigé par Emmylou Drys , le 18 April 2014 à 11h30
Des chercheurs britanniques ont découvert l’action de la protéine Junon qui permet au sperme de reconnaître l’ovule et donc de s’attacher à lui. Des pistes pour traiter l’infertilité sont ouvertes.
La première étape de la fécondation n’a désormais plus de secrets pour le monde de la science. La revue scientifique anglaise Nature publie cette semaine les résultats d’une recherche scientifique de chercheurs britanniques sur les étapes de la fécondation. Ils ont découvert qu’une protéine, qu’ils ont nommé Junon en référence à la déesse romaine de la fertilité et du mariage, permet au sperme de s’ancrer sur l’œuf de l’ovule : c’est la première étape.
En quoi consiste la découverte de Junon ?
C’est une grande avancée pour comprendre le système de procréation. La protéine Junon recouvre la membrane de l’ovule et agit comme un velcro pour le spermatozoïde qui livre combat afin d’arriver le premier. Junon est donc en surface de l’œuf, ce qui permet au sperme de la reconnaître et donc de s’unir à l’ovule : la fécondation peut commencer. Une fois que le spermatozoïde s’est attaché et a pénétré l’œuf, Junon disparait au bout de trente à quarante-cinq minutes afin d’empêcher une seconde fécondation. Les espoirs pour les spermatozoïdes restants sont réduits à néant. Fin de la bataille, on dépose les armes.
Les applications concrètes de cette protéine
Les chercheurs britanniques du Welcome Trust Sanger Insitute ont bon espoir d’avoir fait ici une découverte qui pourrait à termes être un traitement pour l’infertilité. Gavin Wright, biochimiste à la tête de la recherche explique que les résultats actuels des essais sur les souris sont concluants. Les sujets qui ne présentent pas cette protéine sont stériles. Il suppose donc qu’en introduisant cette protéine dans l’organisme de la femme, cela pourrait être une solution pour les personnes dans l’incapacité de procréer. Bien qu’il explique que « Junon n’a pas encore été étudiée en relation avec la fertilité », cela ouvre la voie vers les essais cliniques et "Les femmes qui ont des difficultés à concevoir pourraient être testées pour savoir si elles ont des protéines Junon manquantes ou défectueuses" commente Wright.
En 2005, des scientifiques japonais avaient découvert l’existence de la protéine Izumo1, qui fonctionne exactement sur le même système, mais sur la surface des cellules du spermatozoïde. Grâce à la découverte de Junon, on sait maintenant que les deux protéines sont à l’origine de l’attirance du sperme vers l’œuf de l’ovule et donc de la fécondation. Il serait alors possible de développer de nouveaux contraceptifs, en bloquant la fusion Junon/Izumo1.
De plus, la découverte de cette protéine permettrait aux candidats à la FIV (fécondation in vitro), souvent effectuée en dernier recours quand les deux personnes ne peuvent avoir d’enfant, de savoir s’ils sont éligibles ou non à cette méthode. Un gain de temps incroyable pour les patients, qui ne seraient pas forcés de suivre tout le processus antérieur de traitements préliminaires.