Sexualité : vélo et libido ne font pas bon ménage
Rédigé par Clémentine Billé , le 16 May 2014 à 15h00
Image tirée du film "Le voleur de bicyclette", de Vittorio de Sica
Une récente étude établit le lien entre panne sexuelle et vélo. La position prise sur la selle entraînement une insensibilité vaginale. Et les hommes ?
« Allez en selle chéri ! ». Attention, si pédaler tu feras, pas de sexe tu auras. Des scientifiques du centre de médecine sur la recherche sexuelle de San Diego ont présenté lors du congrès annuel de la société internationale sur la sexualité féminine leur dernière étude : la pratique du vélo serait l’une des causes des difficultés sexuelles.
Insensibilité génitale due au périnée comprimé
La pratique intensive du vélo comprime à long terme le périnée. Des chercheurs avaient déjà révélé il y a trois ans ce phénomène. Ainsi, le Dr Larsha Guess (uro-gynécologie, université de Yale, Massachusetts) et ses collègues affirmaient : « La position basse des mains sur le guidon, relativement à la hauteur de la selle, s'accompagne d'une augmentation de la pression de la selle sur le périnée et d'une réduction des sensations ». L’organe génital féminin, suite à la compression d’un nerf, s’avère moins sensible au plaisir que procure le partenaire.
C’est grâce à des selles munies de capteurs que les chercheurs avaient constaté les pressions subies par le périnée d’une quarantaine de femmes faisant au minimum seize kilomètres de vélo par semaine. Deux tiers d’entre elles présentaient des perturbations au niveau du sexe : picotements, engourdissements, voire douleurs.
Les chercheurs tentent de rassurer : l’étude a simplement pour but de montrer l’importance du positionnement du guidon puisque c’est lorsque les mains sont placées plus bas que la selle que la sexualité des femmes est en danger. Ainsi, selon les chercheurs, « de simples changements de réglages sur le vélo peuvent avoir un effet bénéfique sur l'intégrité du plancher pelvien », c’est-à-dire sur l’ensemble des muscles et structures formant le périnée. Placer le guidon à la même hauteur ou plus haut que la selle devrait ainsi éviter ce type de désagrément.
Les hommes aussi !
Attention, les femmes ne sont pas les seules victimes du cyclisme ! Depuis 1998 les chercheurs connaissent l’existence d’un effet des selles sur l’érection. Comment ? Les policiers à vélo de l’unité de surveillance d’une marina se sont plaints des pannes sexuelles qu’ils connaissaient. 15 agents sur 23 présentaient ainsi des problèmes d’érection, d’insensibilité génitale ou de douleur à l’aine.
Une étude menée par l’Institut national des activités de loisir et santé a montré que plus ces policiers passaient de temps sur leur vélo (à raison de cinq heures et demie par jour), plus leur activités nocturnes diminuaient. Les conclusions étaient inquiétantes : le risque de dysfonction érectile concernait environ 4 % des trentenaires, et doublait pour ceux qui pédalent plus de trois heures par jour. Le principal conseil donné aux hommes est de s’équiper d’une selle à nez raccourci ou fendue afin de diminuer la pression sur le périnée et le manque d’oxygénation du pénis.