Une contraception masculine prévue pour 2017
Rédigé par Marie Penavayre , le 11 September 2014 à 15h32
PARSEMUS FONDATION
Nous pouvons le dire, le futur de la contraception est en marche. Depuis quelques années déjà, on annonce l’arrivée prochaine d’une pilule contraceptive destinée aux hommes. Mais un dispositif beaucoup moins contraignant pourrait bien se retrouver sur le marché d’ici 2017 : Vasalgel, un gel qui permet de bloquer le transport des spermatozoïdes dans les voies génitales…
Si la femme a longtemps porté la responsabilité de la contraception dans le couple, une innovation médicale permettra bientôt d’équilibrer la balance. Et si on offrait aux hommes la possibilité de contrôler leur fécondité ? C’est le pari que s’est fixé, entre autres, la Parsemus Foundation, une ONG américaine qui s’emploie à soutenir les projets médicaux peu coûteux.
Alors, comment ça marche?
Plutôt que de mettre en œuvre des méthodes contraceptives hormonales qui interférent avec le cycle menstruel naturel de la femme, l’objectif est ici d’empêcher le processus de fécondation à la source.
Ainsi, contrairement à la plupart des méthodes contraceptives, Vasalgel est un dispositif non-hormonal. Il consiste simplement à injecter un gel dans les canaux déférents, qui relient les testicules au canal éjaculateur. En perturbant la membrane des spermatozoïdes, ce gel les rend incapables de se déplacer et empêche ainsi la fécondation.
Quelle différence avec la vasectomie ?
La vasectomie : un moyen de contraception masculine fiable mais définitif
La vasectomie consiste à sectionner sur quelques millimètres les canaux déférents. Le transport des spermatozoïdes vers la sortie est ainsi bloqué, ce qui empêche la fécondation.
Cette pratique est en réalité plus une méthode de stérilisation qu’une contraception, car une fois sectionnés, les canaux déférents peuvent rarement redevenir fonctionnel. Répandue aux Etats-Unis (1 couple américain sur 6 y a recours), la vasectomie est beaucoup plus difficile d’accès en France, précisément parce qu’elle est considérée comme irréversible. L’opération inverse est possible, mais le taux de réussite est très faible. Ainsi, bien qu’il s’agisse d’une intervention simple dont la durée n’excède pas la demi-heure, elle ne doit pas être prise à la légère. La loi prévoit pour cette raison un délai de réflexion de quatre mois après la prise de décision.
Le vasalgel : un dispositif réversible
Contrairement à la vasectomie, ce gel n’altère pas les canaux déférents : plutôt que de les couper, un gel y est simplement injecté. Cette méthode présente donc un avantage de poids : non seulement la contraception est efficace à long terme (ce qui n’engage aucune contrainte concernant le renouvellement des effets), mais elle peut aussi être réversible. La Parsemus Foundation explique que si un homme décide de redevenir fertile, l’injection d’une autre solution permettra d’éliminer le polymère.
Des similitudes avec le RISUG® ?
Un contraceptif masculin nommé RISUG (Reversible Inhibition of Sperm Under Guidance) est actuellement en phase III des essais cliniques (la phase d’évaluation de l’efficacité), à l'Institut indien de technologie de Kharagpur en Inde. Vasalgel fonctionne exactement sur le même principe que RISUG, mais les formulations ne sont pas identiques.
Vasalgel est actuellement en phase d’expérimentation animale
Vasalgel n’a pour le moment été testé que sur des lapins et des babouins. L’essai sur les babouins vient de débuter, mais les résultats s’annoncent prometteurs : pendant six mois, les chercheurs ont laissé 3 babouins ayant reçu l’injection en compagnie de 10 à 15 femelles. Jusqu’à présent, aucune grossesse n’est à déclarer. Afin de démontrer sa réversibilité, la Fondation attend maintenant de voir si en retirant le contraceptif, les spermatozoïdes fonctionnent à nouveau normalement.
De petits essais sur l’homme sont attendus pour début 2015 aux Etats-Unis, mais les tests à plus grande échelle ne débuteront pas avant 2016.
Si tous les tests d'efficacité et de sécurité sont validés, Vasalgel pourrait se retrouver sur le marché d’ici 2016 ou 2017. La Fondation annonce que le prix de ce contraceptif n’est pas encore fixé, mais elle s’engage à développer un dispositif abordable. « Une contraception ne devrait pas coûter plus cher qu'un téléviseur à écran plat ! » affirme-t-elle, rappelant que les contraceptions à long terme pour femmes coûtent en moyenne 800$ aux Etats-Unis.