Supercentenaires : le secret de leur longévité enfin révélé?
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 28 April 2014 à 12h00
Ils sont de plus en plus nombreux comme Jeanne Calment ou Hendrikje van Andel-Schipper à dépasser le siècle d'existence. Quel peut bien être leur secret?
Qu'est ce qui fait la longévité? Une équipe de chercheurs internationale a cherché cette réponse dans les cellules souches sanguines de Hendrikje van Andel-Schipper, une femme ayant vécu près de 115 ans. Ils se sont intéressés tout particulièrement aux globules blancs qui pourraient détenir le secret d'une vie qui dépasse le siècle.
Elle avait fait don de son corps à la science, la doyenne de l’humanité Hendrikje van Andel-Schipper, morte à l’âge honorable de 115 ans en 2005 a su créer la surprise chez les scientifiques. En analysant son sang, ils ont constaté que la majorité des globules blancs de la néerlandaise n’étaient issus que de deux cellules souches sanguines contre plusieurs centaines chez l’adulte en temps normal. L’équipe internationale de chercheurs chargée d’examiner son corps vient de publier une étude dans la revue scientifique étasunienne Genome Research pour faire état de leurs découvertes.
Cette nouvelle, surprenante s’il en est, bouscule complétement la manière d’envisager les cellules souches. Les cellules souches sanguines aussi appelées « cellule souches hématopoïétiques » (CSH) sont employées à renouveler le stock de globules blancs, de globules rouges et de plaquettes. On en dénombre environ 20 000 à la naissance. Le corps ne les conserve pas éternellement, un cycle de renouvellement a lieu tous les six à douze mois suivant le principe de la division cellulaire : d’une cellule naît deux cellules (souches elles-aussi).
La mutation génétique : clé du vieillissement
Au fil des divisions, le risque de voir des mutations génétiques aléatoires se déclencher est de plus en plus important. À l’origine, les CSH sont toutes différentes, cependant, une fois passé un certain âge, chaque cellule souche n’est plus tout à fait unique. Les cellules sanguines qui sont issues de la même CSH sont identiques mais diffèrent légèrement de celles produites par les autres cellules souches.
Ni tout à fait les mêmes, ni réellement différentes, ces cellules voient leur ADN muter, évoluer de manière sensiblement différente au cours du temps. Des mutations trop importantes peuvent entraîner plusieurs altérations dans le code génétique dont celle associée à la régulation de la division cellulaire. Si celle-ci s’emballe chez les cellules souches, on peut alors assister à l’apparition de tumeurs ou de cancers.
En analysant les globules blancs de la vieille dame, les scientifiques ont relevé plus de 400 mutations génétiques qui ne se seraient pas transmises à la prochaine génération. Ces mutations, qui sont généralement à la source de pathologies diverses, ne semblent pas avoir affecté Endrikje van Andel-Schipper outre mesure. La découverte la plus surprenante ne fut cependant pas ce nombre relativement faible de mutations mais ses causes. En effet, près de deux-tiers des globules blancs analysés étaient issus de deux cellules souches seulement.
Deux hypothèses valables
À ce stade, les chercheurs ne peuvent que faire des hypothèses. Parmi celles-ci, la mutation et la " limite de la division cellulaire " semblent être les plus probables selon l’équipe de chercheurs. Dans le premier cas, les mutations génétiques qu’ont connues les globules blancs auraient été enregistrées par les deux cellules souches elles-mêmes. Cette évolution apparaît généralement chez les personnes atteintes de leucémie, mais ne semble pas avoir été incontrôlable ici, jouant même un rôle favorable sur le renouvellement des tissus cellulaires.
La seconde hypothèse est liée au processus même de multiplication des cellules. La taille des chromosomes diminue au fil des divisions et ce, tout au long de la vie. La taille des chromosomes des globules blancs comparée à ceux des cellules nerveuses du cerveau (lesquelles se renouvellent peu) serait de 173 fois plus courte chez ces premiers. Selon les chercheurs, la plupart des cellules souches hématopoïétiques seraient disparues, mortes d’épuisement après autant de divisions. Les deux cellules restantes seraient donc les dernières survivantes.