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La fin du mythe du "gène de la longévité"

Rédigé par , le 14 November 2014 à 14h48

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Une femme âgée en pleine forme.

Une femme âgée en pleine forme.

Une étude américaine s'est penchée sur le phénomène des super-centenaires, en partant à la recherche d'une explication génétique à ce vieillissement exceptionnel. Selon leurs résultats, la longévité ne pourrait s'expliquer génétiquement à ce jour, ce qui laisse encore planer le mystère sur la question du vieillissement humain.

Pas de secrets dans nos gènes

Des chercheurs de l'Université de Stanford (Californie) ont mené une étude génétique, basée sur les génomes de 17 super-centenaires américains, tous âgés de plus de 110 ans. Les résultats, publiés mercredi 12 novembre dans la revue Plos One, mettent fin au mythe du « gène de la longévité », qui aurait pu expliquer les âges très avancés que certaines personnes atteignent.

Les auteurs de cette étude, dirigée par Hinco German, sont partis du constat que les parents et descendants des centenaires vivent eux aussi plus longtemps que la moyenne. Ils sont donc allés à la recherche de possibles variations génétiques qui pourraient être à l'origine de cette longévité hors du commun. Ce constat était d'autant plus intéressant que des facteurs tels que l'alcool, le tabac, le régime alimentaire ou l'exercice physique ne semblent pas avoir de répercussions sur la-dite longévité des centenaires.

Or, le séquençage n'a révélé aucune variation génétique rare pouvant expliquer cette extraordinaire longévité. « Nos analyses montrent qu'il est très peu probable qu'un seul gène (…) soit partagé par tous les super-centenaires », conclut l'étude qui estime, par ailleurs, que ce résultat n'est « pas surprenant », compte tenu de la complexité des critère entrant en ligne de compte.

Il est cependant certain que les centenaires sont, en moyenne, beaucoup moins touchés par de nombreuses maladies liées à l'âge, par les cancers et autres problèmes cardiovasculaires. La plupart des super-centenaires sont ainsi en très bonne forme, aussi bien physique que mentale. Un des participants à l'étude avait d'ailleurs une mutation génétique liée à une pathologie cardiaque qui n'a eu, chez lui, quasiment aucun effet sur sa santé.

Une base pour de futures recherches

Ces résultats, bien que ne permettant pas d'accroître notre compréhension des mécanismes biologiques liés à la longévité, fournissent une base solide pour l'avenir : « Ces découvertes ne permettent pas pour l'instant d'expliquer le phénomène biologique de la longévité mais pourraient se révéler utiles pour de futures recherches », affirment les chercheurs. Ces derniers estiment, en effet, que d'importantes avancées médicales pourraient voir le jour dans les prochaines décennies, permettant potentiellement d'arrêter (voire inverser) le vieillissement et donc de repousser les limites de l'âge.

Aujourd'hui, malgré la progression constante de notre espérance de vie, notamment dans les pays développés, l'organisme humain semble avoir atteint ses limites naturelles. De plus en plus d'études, au sein de laboratoires privés ou d'universités, se consacrent donc, en conséquence, à la recherche de moyens pour percer le mystère de la longévité (si ce n'est l'immortalité). Selon une enquête du Paw Research Center (organisme indépendant de recherche américain) en 2013, des personnes aussi diverses que des responsables religieux, des bio-éthiciens et des philosophes commencent à s'interroger sur les implications morales et sociales d'une telle prolongation de la vie.

                                                                         La part des personnes âgées dans la population mondiale augmente de manière exponentielle de nos jours.

Récemment, une équipe française, menée par Hugo Aguilaniu, a publié les résultats d'une étude portant sur une molécule, censée venir à bout des effets négatifs du vieillissement.

Un futur de centenaires ?

Le vieillissement de la population est aujourd'hui un véritable enjeu de santé publique. Comme l'affirme une étude de l'Ined (Institut national d'études démographiques), « les centenaires ont dépassé l’âge auquel on meurt de maladie chronique, mais c’est un groupe de plus en plus fragile et vulnérable à la pneumonie et d’autres problèmes de santé. Nous devons prévoir des services de santé qui assument les 'besoins cachés' de ce groupe ».

Entre 2000 et 2050, la proportion de la population mondiale de plus de 60 ans passera de 11 % à 22 %, soit une multiplication par deux. Au nombre de 65 millions au début des années 2000, ils pourraient être près de 2 milliards au milieu du XXIe siècle, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le problème, c'est que ce vieillissement va de pair avec le développement des maladies cognitives. Ainsi, en 2050, près de 30 % des personnes de 85 ans et plus seront atteintes de déclin cognitif. Le nombre de personnes atteintes de démence devrait, lui, s'élever à 135 millions, pour 44 millions aujourd'hui. D'où l'importance de comprendre les mécanismes de la vieillesse et de la longévité, pour pouvoir répondre à ces nouvelles problématiques.

Actuellement, 74 super-centenaires (plus de 110 ans) en vie sont recensés, dont 22 vivent aux États-Unis.

En France, on comptait 16 273 centenaires en 2013, soit treize fois plus qu'en 1970. Et cette évolution exponentielle ne compte pas s'arrêter là : en 2060, ils seraient, selon l'Insee (Institut national des statistiques), près de 200 000.

Rien n'explique aujourd'hui pourquoi certaines personnes vivent beaucoup plus longtemps que d'autres. Mais les scientifiques ne perdent pas espoir et n'abandonnent pas la voie génétique : « les super-centenaires sont très rares et leur génome pourrait bien détenir les secrets génétiques de la longévité extrême ».

Pour information, le record est aujourd'hui détenue par une Française, Jane Calment, décédée en 1997 à l'âge de 122 ans. 

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L'auteur
Laure Hanggi

Laure Hanggi

Rédactrice

Bio

Etudiante en histoire passionnée d'actualité en général et notamment des questions de santé moderne, en tant qu'enjeux de société. Voir plus

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