Suggestions

Spécialités les plus consultées

Suggestions

Choisissez une région

Espace Pro
/ / La perte d'odorat liée à un risque de mortalité plus élevé

La perte d'odorat liée à un risque de mortalité plus élevé

Rédigé par , le 02 October 2014 à 17h12

Vous aimez cet article ?
Des personnes âgées en train de sentir du basilique.

Des personnes âgées en train de sentir du basilique.

Une étude américaine publiée ce mercredi 1er octobre révèle la corrélation existant, chez les personnes les plus âgées, entre la perte de l'odorat et un risque de mortalité accru. Une relation indéniable dont les mécanismes restent à éclaircir. 

Un indicateur plus fiable que n'importe quel autre

Commencée il y a une dizaine d'années, cette étude effectuée par des chercheurs de l'Université de Chicago apporte des résultats étonnants. Selon elle, les personnes âgées n'ayant plus la capacité d'identifier de simples odeurs telles que la rose, l'orange, le poisson, la menthe ou le cuir auraient un risque plus important de mourir dans les cinq ans. Parue dans la revue PLOS ONE, cette étude affirme que la perte de l'odorat serait un indicateur beaucoup plus fort de décès potentiels que des diagnostics d'insuffisance cardiaque, de cancer ou de maladie pulmonaire. Le seul indicateur dépassant l'odorat pour une « prédiction » sous 5 ans serait, selon les scientifiques, une pathologie hépatique grave.

Cette étude, qui s'inscrit dans la cadre du « National Social Life, Health and Aging Project », a été menée sur 3005 hommes et femmes âgés de 57 à 85 ans, et étant représentatifs de la population américaine. La première phase de l'étude (en 2005), qui en a posé les bases, consistait en l'évaluation de la capacité olfactive des participants. Ceux-ci devaient réussir, à l'aide de 4 propositions, à identifier une odeur précise (parmi les 5 citées plus haut). Les chercheurs ont ainsi pu établir le profil de leur panel, dont 78 % avaient un odorat normal. Plus précisément, 45,5 % ont réussi à identifier les 5 odeurs, 29 % en ont identifié 4, 20 % ont été déclarés hyposmiques (2 à 3 odeurs identifiées) et 3,5 % anosmiques (odorat très diminué). 1,1 % des participants n'a reconnu aucune odeur. L'âge a également joué un rôle dans cette corrélation : 64 % des plus jeunes (57 ans) ont reconnu toutes les odeurs pour seulement 25 % chez les plus âgés (85 ans).
 

Une baisse de la régénérescence

En 2010, les chercheurs ont comparé ces résultats avec les décès constatés. Et les résultats sont sans appel. La mortalité des personnes à l'odorat très diminué (anosmiques) s'est révélée être quatre fois supérieure à celle des individus ne présentant pas de trouble de l'odorat. Ceux ayant fait un score moyen (hyposmiques), avaient une mortalité intermédiaire. Plus concrètement, 39 % des participants n'ayant pas pu reconnaître la totalité des odeurs présentées sont décédés dans les 5 ans, contre 10 % pour ceux qui avaient reconnu toutes les odeurs présentées.

Le New York Times précise que ce trouble de l'odorat correspond à un risque de mortalité 3 fois plus élevé que chez les autres adultes, même une fois que l'influence d'autres facteurs tels que l'âge, le sexe ou le statut social a été contrôlée. Les chercheurs ont également vérifié si ces résultats n'étaient pas faussés par l'abus d'alcool, le poids ou l'alimentation.

                                                                                La rose est une des odeurs qui a été utilisée dans cette étude.

Comment expliquer cette corrélation ? Plusieurs hypothèses ont été envisagées par l'équipe de chercheurs composée de psychologues, médecins, sociologues et statisticiens.

L'une des plus crédibles met en avant la présence, au sein du système olfactif, de cellules souches capables de se régénérer. « Une diminution de l'odorat pourrait signaler une baisse de la capacité générale de régénérescence de l'organisme avec l'âge, ce qui accroît toutes les causes de mortalité », déclare l'équipe.  « Nous pensons que la perte de l'odorat, c'est un peu comme un canari dans une mine de charbon", affirme le Dr Jayant Pinto, un des principaux auteurs de l'étude, professeur adjoint de chirurgie à l'Université de Chicago spécialisé dans la génétique et le traitement des maladies olfactives. La métaphore du « canari dans la mine », fait référence à la méthode utilisée au XIXe siècle pour détecter les émanations de gaz toxiques dans les mines, que l'homme ne pouvait pas sentir avant d'en être victime.
 

Améliorer la détection des personnes à risque

Les chercheurs insistent sur les conclusions qu'il faut tirer de cette étude. La perte de l'odorat « n'est pas une cause directe de la mort mais un signe avant-coureur que quelque chose ne tourne plus rond dans l'organisme », explique le Dr Jayant Pinto. Au contraire, ces résultats pourraient être utiles en permettant le développement de « tests cliniques utiles et pas chers, capables d'identifier rapidement des personnes courant un plus grand risque de mortalité ».

Les auteurs de l'étude insistent sur la prévalence de ce trouble dans l'estimation du niveau de risque d'une personne. Cela indique que l'odorat, que nous n'utilisons pas autant que certaines autres espèces, est révélateur des mécanismes de vieillissement qui affectent la longévité des individus. Ces troubles pourraient également être la conséquence de l'exposition à un environnement pollué, mais des recherches plus approfondies sont nécessaires pour pouvoir en être sûr. 

Vous aimez cet article ?
L'auteur
Laure Hanggi

Laure Hanggi

Rédactrice

Bio

Etudiante en histoire passionnée d'actualité en général et notamment des questions de santé moderne, en tant qu'enjeux de société. Voir plus

commentaires