Changement d'heure mortel : les infarctus en hausse le lundi suivant
Rédigé par Clémentine Billé , le 31 March 2014 à 11h30
25% de crises cardiaques en plus après le changement d’heure
Les crises cardiaques augmentent de 25% le lundi suivant le changement d’heure d’été. C’est ce que révèle une nouvelle étude américaine : les scientifiques nous livrent leurs explications, et leurs préconisations.
« Oh non, une heure de sommeil en moins ! » Vous en avez marre d’entendre tous les ans les mêmes personnes se plaindre du changement d’heure. Et s’ils avaient raison ? Si le changement d’heure était même dangereux ? D’après une nouvelle étude américaine, les personnes sensibles du cœur ont le plus à craindre : les crises cardiaques augmentent de 25% aux Etats-Unis le lundi suivant le passage à l’heure d’été.
Stress + changement de rythme = infarctus
Cette annonce provient d’une étude publiée dans la revue Open Heart et présentée à la conférence de l’Americain College of Cardiology. Le taux d’infarctus revient progressivement à la normale dans la semaine qui suit. En effet, le Dr Amneet Sandhu, un cardiologue de l’université du Colorado à Denver et principal auteur de l’étude souligne que les « incidents étaient beaucoup plus fréquents le lundi après le week-end du changement d'heure, avant de diminuer au cours des jours suivants ». Pour être tout à fait précis, il y a en moyenne 34% d’infarctus supplémentaires ce jour-ci par rapport au lundi d’avant, et 25% par rapport à la moyenne sur l’année.
Elément confirmant le lien avec le changement d’heure, le mardi qui suit le changement d’heure en hiver cette fois-ci, les crises cardiaques diminuent de 21%. Pourquoi le mardi ? Les scientifiques n’ont à ce jour pas trouvé d’explications.
Le Dr Sandhu souligne que les crises cardiaques ont historiquement lieu le lundi en majorité. Ils cherchent cependant d’autres facteurs expliquant cette recrudescence d’incidents et d’hospitalisations. L’étude s’est donc déroulée entre janvier 2010 et septembre 2013, et a passé en revue plus de 42 000 admissions dans un hôpital de l’Etat du Michigan pour crise cardiaque. « La raison est probablement une combinaison de facteurs : le stress de commencer une nouvelle semaine de travail et le fait que les personnes déjà sujettes aux risques de maladies cardio-vasculaires semblent être plus vulnérables aux changements de rythme brutaux », explique l’auteur de l’étude.
Le changement d’heure, plus difficile à encaisser qu’un vol Paris/New-York
La dangerosité d’un infarctus se démontre simplement en quelques chiffres : depuis le 1er janvier, 610 personnes ont déjà été victimes d’une crise cardiaque, alors qu’on en recense environ 60 000 chaque année. 14 personnes meurent tous les jours des suites d’un infarctus, ce qui élève le nombre de décès à 2400 par an.
D’ailleurs, selon les chronobiologistes, l’organisme à plus de difficulté à s’habituer et encaisser le passage à l’heure d’été qu’un vol Paris/New-York. Mais ne soyons pas choqués, cela fait des années que les chercheurs tentent de nous prévenir. Une étude suédoise révélait déjà en 2008 que le nombre de crises cardiaques dans la semaine qui suit le changement d’heure augmentait de 5%. Le choc est passé, mais restez attentifs.
Les personnes de plus de cinquante ans, et celles ayant des troubles cardiaques sont invitées à diminuer les stimulations et les activités physiques à partir du samedi, et ce jusqu’à la fin de la semaine. Les scientifiques recommandent également de se coucher dès que la fatigue se fait ressentir afin de vivre cette transition plus en douceur. Leur dernière préconisation concerne les hôpitaux : plus de personnels est nécessaire pour prendre en charge les accidents cardiaques en cette nouvelle semaine. Une mobilisation de plus d’infirmiers et cardiologues est demandée.