Un prototype de « drone ambulance » mis au point pour les secours d'urgence
Rédigé par Laure Hanggi , le 30 October 2014 à 15h04

Un drone en plein vol
Un jeune ingénieur belge a présenté, mardi 28 octobre, le premier prototype de « drone ambulance » au monde. Ce dernier permettrait d'amener, en moins d'une minute, du matériel de secours pour réanimer des personnes victimes d'arrêts cardiaques. Une rapidité qui pourrait sauver de nombreuses vies.
Un drone pas comme les autres
Alec Momont, un jeune ingénieur de 23 ans de l'Université de Technologie de Delft (Pays-Bas), a présenté mardi 28 octobre, dans le cadre de son projet de fin d'études, un prototype de « drone ambulance ». Se présentant sous la forme d'un petit avion jaune, très facilement transportable, ce drone de 4 kilos peut atteindre les 100 km/h lors d'une intervention. Composé de 6 hélices et d'une structure en fibres de carbone, certains éléments sont produits à l'aide d'une imprimante 3D.
Il se déplace de plus de manière totalement autonome et immédiate, dès qu'un appel au 112 (numéro d'appel d'urgence européen) est effectué. Étant équipé d'un GPS, le drone peut repérer l'endroit où la victime se trouve, grâce au signal GSM du téléphone de la personne ayant passé l'appel.
Une fois sur place, un micro et une connexion vidéo intégrés au drone permettent aux secouristes d'entrer en contact et de donner des instructions à une personne se trouvant près de la victime. Un défibrillateur est également présent à l'intérieur du drone, grâce auquel le cœur peut être relancé suite à une secousse électrique. En effet, cette première version du drone ambulance vise plus particulièrement les personnes victimes d'arrêts ou de malaises cardiaques.
Aujourd'hui, on trouve de plus en plus souvent des défibrillateurs dans les lieux publics (métro, entreprises, restaurants, gares, aéroports, etc.), mais pour les lieux difficilement accessibles ou dépourvus de défibrillateurs, ce drone pourrait représenter un outil inestimable pour les services d'urgences cardiologiques. De plus, selon Alec Momont, seuls 20 % des personnes non-entraînées sont capables de se servir d'un défibrillateur. Les instructions d'un professionnel pourrait faire grimper cette proportion à 90 %.
Améliorer la prise en charge des victimes
Pour Alec Momont, ce drone est un outil supplémentaire de soins d'urgence, pouvant permettre de sauver plus rapidement, et en plus grand nombre, des victimes de problèmes cardiaques. Selon le jeune ingénieur, « environ 800 000 personnes subissent un arrêt cardiaque chaque année dans l'Union Européenne, et seulement 8 % d'entre elles survivent ». Il affirme également que la raison de ce faible taux de survie réside dans le temps qu'il faut aux services de secours pour se rendre sur place. Il faudrait à ces derniers 10 minutes environ, quand « la mort dans ce genre de situation se produit après 4 à 6 minutes ».
Si, selon le service des urgences cardiologiques du CHU de Lille, ses chiffres sont un peu surestimés, ils témoignent d'une réalité : en cas de crise cardiaque, chaque minute qui passe augmente les risques de séquelles graves et de décès pour la victime. Ce drone pourrait ainsi permettre de gagner de précieuses minutes dans la prise en charge des victimes. En effet, Alec Momont affirme que son drone pourrait rejoindre en une minute la personne nécessitant des soins. Le drone ambulance n'a pas vocation à supplanter les secours, mais plutôt de complémenter leur action.
Il est également persuadé que les drones peuvent être utilisés d'une autre manière que celle « liée à la destruction [à laquelle ils sont associés] à cause de leur usage clandestin par les États-Unis ». Le sujet de la thèse de l'ingénieur s'intitule d'ailleurs « Drones for good » (les drones pour le bien).
« Une trousse médicale volante »
À terme, le créateur du drone voit très loin pour son invention. Il souhaite que, lors de son achèvement, son drone soit une véritable « trousse médicale volante », équipée d'une bouée gonflable pour les personnes se noyant, d'une masque à oxygène pour celles coincées dans un incendie ou d'une seringue à insuline pour les diabétiques.
Pour le moment, la portée du drone ambulance n'est que de 12 kilomètres carré, mais Alec Momont espère qu'un réseau de bornes de recharge pourra être mis en place. Il estime ainsi qu'il faudrait 3000 drones pour équiper les Pays-Bas. Son but est en effet de « créer un réseau d'urgence à très haute vitesse ».
Encore au stade de prototype, ce drone a déjà attiré l'attention des services d'urgence néerlandais et les louanges de la Fondation néerlandaise pour le Coeur. L'hôpital Universitaire de Gent, qui a soutenu les recherches du jeune homme en partenariat avec l'incubateur de start-up Living Tomorrow, s'est dit intéressée par l'utilisation de ce drone au sein de ses services.
Alec Momont travaille désormais sur l'amélioration de son projet, afin que le drone puisse atteindre des vitesses plus élevées encore (200 km/h), afin de pouvoir mettre en place un réseau d'urgence durant les 5 prochaines années. Selon lui, des tests pourraient bientôt être effectués, avec de véritables patients, dans l'optique d'introduire les drones d'ici environ 5 ans.
Chaque drone, qui coûterait 15 000 euros à produire, pourrait, selon l'espoir de son créateur, sauver « des centaines de vie » une fois le réseau mis en place.