Dengue : le premier élevage de moustiques OGM ouvre au Brésil pour lutter contre la maladie
Rédigé par Céline Le Goff , le 30 July 2014 à 16h25
Le premier élevage de moustique OGM a ouvert le mardi 29 juillet dernier au Brésil pour combattre la dengue. L’Agence de veille sanitaire brésilienne doit donner son feu vert dans les jours suivants pour utiliser ce procédé pour le moins surprenant.
Une usine qui produit près de 550 000 moustiques transgéniques par semaine
La nouvelle est assez étonnante et pourtant vérifiée, le Brésil compte lutter contre la maladie tropicale dengue, qui fait des ravages dans le pays, grâce à des moustiques génétiquement modifiés. L’usine de moustiques OGM est installée à Campinas à quelques kilomètres de Sao Paulo. Elle produit environ 550 000 moustiques par semaine et pourrait atteindre les 10 millions par mois.
Le but est de réduire la population de moustiques Aedes aegypti, qui sont les vecteurs de la dengue. Les moustiques OGM, lâchés dans la nature en quantité deux à trois fois plus élevée que les Aedes aegypti, attirent les femelles pour copuler. Cependant, les larves produites n’atteignent pas l’âge adulte, puisqu’elles n’ont pas accès à un antibiotique qui leur permet de survivre. Ainsi, grâce au mécanisme d’extinction progressive, le nombre de moustiques vecteurs de la dengue réduira conséquemment.
Ce procédé a été développé en 2002 au Royaume-Uni par l’entreprise Oxitec qui a ouvert l’usine de Campinas. Le concept de cette entreprise est de passer des contrats avec les pouvoirs publics pour vendre les moustiques OGM et certains services complémentaires tels que l’entraînement de personnels. Oxitec attend désormais l’autorisation de l’Agence de veille sanitaire du Brésil (Anvisa) pour pouvoir commercialiser les moustiques et les vendre aux collectivités brésiliennes. Si celui-ci est accordé, le Brésil sera le premier à utiliser les moustiques transgéniques pour lutter contre la dengue.
Le brésil, pays le plus touché par la dengue avec 800 morts en 5 ans
Une ville de 50 000 habitants devra payer de 2 à 5 millions de reais (de 670 000 à 1.6 million d’euros) la première année et 1 millions de reais (335 000 euros) les années suivantes pour le maintien de la population des moustiques OGM.
Le choix du Brésil pour installer son usine n’est pas dû au hasard. En effet, le Brésil est le pays le plus touché par la dengue avec 7 millions de cas décomptés depuis 2000. Ces cinq dernières années, 800 personnes y ont succombé. La dengue est une maladie tropicale virale très dangereuse potentiellement mortelle qui est transmise par les moustiques Aedes aegypti. Aucun vaccin n’existe à l’heure actuelle pour prévenir cette maladie.
Des tests menés au nord du Brésil à Juazeiro en 2011 ont démontré une réduction de plus de 80% des moustiques visés. Il semble donc que la technique est prometteuse. Egalement au cours du test à Mandacaru Brésil, 96% des moustiques ont pu être éradiqués en 6 mois. Cependant, ce procédé ne met pas tout le monde d’accord. Une association écologiste brésilienne a récemment pointé le manque de données disponibles, et le risque que les jeunes moustiques porteurs de la mutation puissent survivre grâce à la pollution de l’environnement. Mais elle souligne surtout le risque principal de la disparition d’une espèce telle que l’Aedes aegypti : qu’il laisse la place à un autre insecte bien moins sympathique, le moustique tigre (Aedes albopictus), vecteur de la dengue et du chikungunya.
