Quand refroidir la température du corps à 10 degrés rime avec vie sauvée
Rédigé par Emmylou Drys , le 30 May 2014 à 14h00
Des chercheurs américains de l’Arizona ont mis au point une nouvelle technique de réanimation qui pourrait sauver des vies, grâce à l’injection d’une solution saline dans l’aorte qui abaisse la température du corps à 10 degrés.
Les blessés par balle ou par arme blanche, entre autres, vont pouvoir bénéficier d’un délai supplémentaire de réanimation d’environ 2 heures qui va permettre aux chirurgiens de gagner du temps et donc de pouvoir sauver des vies. Non, ce n’est pas de la science-fiction mais de la science tout court. Explications :
Refroidir le corps de l’intérieur
Aujourd’hui, les personnes victimes d’une blessure profonde perdent beaucoup de sang et sont en arrêt cardiaque quand ils arrivent à l’hôpital pour être pris en charge en chirurgie d’urgence. Les chances de survie sont très faibles, estimées à moins de 10 %.
Des chercheurs de l’Arizona ont trouvé une solution : il suffit de refroidir le corps pour gagner du temps, précieux graal qui manque souvent en chirurgie. En effet, lorsque nous avons froid, notre corps a des besoins en oxygène moins élevés et ses réactions chimiques diminuent. C’est pour cette raison, par exemple, que des personnes en arrêt respiratoire tombées dans l’eau gelée ont pu être sauvées, même après une durée prolongée sans oxygénation. La principale question est ensuite de pouvoir ramener la personne sauvée à l’état normal, et cela sans provoquer de lésions.
Une température corporelle à 10 degrés
Ces chercheurs, menés par le Dr Peter Rhee ont trouvé le remède miracle : injecter dans l’aorte par un petit tube une solution saline [à base de sel] froide, qui va faire baisser la température du corps à 10 degrés dans un laps de temps assez court.
Par conséquent, cela va mettre l’activité des cellules en berne et le patient sera en « état de vie ralentie », comme l’explique le site scientifique NewScientist, repris par le Nouvel Obs. Cet état peut être maintenu environ deux heures, ce qui laissera plus de temps aux chirurgiens pour opérer. Par la suite, il suffit de réinjecter progressivement du sang et le corps retrouve sa température normale, sans lésions aucune.
Les essais, jusqu’ici effectués sur des cochons, ont été autorisés sur les humains par la Food and Drug Agency (FDA), l’Agence du médicament américaine. Ce programme, financé par le département de la Défense va débuter à l’hôpital de Pittsburgh en Pennsylvanie. Les patients qui ne souhaitent pas bénéficier de cette expérimentation en cas de blessure peuvent s’inscrire par email sur le site de l’hôpital.
L’arrivée en France de cette technologie n’est pas encore prévue à l’heure actuelle. Il faut attendre les résultats de cette première expérimentation sur l’homme.