Pesticides : ils sont aussi dans les cheveux de nos enfants

Plusieurs parents ont fait analyser les cheveux de leurs enfants pour l’association Générations futures afin de savoir si l’environnement agricole dans lequel ils vivent pouvait être néfaste sur leur santé. 

Les pesticides ce n’est que pour la culture agricole ? C’était ce que l’on imaginait avant que l’association Générations futures dévoile les résultats d’une expérience inédite : elle a analysé les cheveux d’une trentaine d’enfants et a réalisé que des particules de pesticides utilisées à des fins agricoles stagnent dans l’air et se logent sur leurs capillaires. Effectuée sur seulement 30 enfants vivant ou allant à l’école en milieu agricole, le rapport est donc non-représentatif de la population française, mais les résultats sont alarmants. 

L’expérience

Fin 2013, les parents de 30 enfants ont prélevé des mèches de cheveux de leurs bambins : 16 garçons et 14 filles. Ces enfants sont tous quotidiennement exposés aux pesticides, soit vivant dans un milieu agricole, soit allant à l’école proche d’une zone traitée par ces substances chimiques. Générations futures, association de protection de l’environnement à but non lucratif et agréée par le ministère de l’Écologie, a fait analyser ces mèches de cheveux par un laboratoire indépendant dans le cadre de la troisième enquête EXPPERT (Exposition aux Pesticides Perturbateurs Endocriniens). L’association veut mettre la lumière sur les risques que font encourir les pesticides et sensibiliser l’opinion publique afin qu'une législation concrète soit mise en place. 

Des résultats inquiétants

Générations futures cherche à savoir si oui ou non les enfants vivant en milieu agricole sont exposés à des perturbateurs endocriniens (PE), qui modifient altèrent ou annulent l’action des hormones et va donc perturber le développement de l’organisme. Ils sont encore plus menaçants chez le fœtus ou chez l’enfant en période de croissance. Résultats : 21,52 résidus de pesticides PE ont été trouvés en moyenne dans les cheveux des enfants testés, et certaines substances interdites à l’utilisation en France ont également été découvertes, comme le Fipronil (mis en cause pour la disparition des abeilles) ou l’Hexachlorobenzene qui dérive du composé chimique benzène. Selon l’association, les enfants sont donc exposés à un « cocktail de pesticides ».

Alarmer les politiques

L’association Génération futures, forte de plusieurs rapports (consultables sur leur site web : http://www.generations-futures.fr/ ) désire par cette publication « montrer l’urgence de l’action préventive dans [le] domaine des PE » et interpeller l’Union Européenne sur la nécessité d’interdire l’usage de ces pesticides sur les cultures agricoles. Les négociations européennes traînant la patte depuis plusieurs mois, la France a adopté hier la loi SNPE (Stratégie Nationale sur les Perturbateurs Endocriniens) relancée par la ministre de l’Écologie Ségolène Royal.