Bientôt un sérum miracle pour maintenir les soldats en vie ?
Rédigé par Laure Hanggi , le 28 November 2014 à 16h44
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Des soldats en train d'évacuer un des leurs.
Une équipe australienne a mis au point un traitement qui pourrait permettre de réduire le nombre de victimes sur le champ de bataille. Si son efficacité était prouvée sur l'Homme, ce traitement représenterait la première avancée dans le domaine depuis près de 40 ans.
Des chances de survie dépendantes du délai de prise en charge
Une équipe de chercheurs australiens, de la James Cook Universty (Queensland), a affirmé dans un communiqué de presse mercredi 26 novembre 2014, avoir mis au point un traitement à destination des blessés de guerre. Ce « sérum » pourrait, selon eux, améliorer les chances de survie de soldats très gravement blessés au combat.
La motivation des chercheurs réside dans ce constat : 87 % des décès surviennent dans la première demi-heure suivant la blessure, ne laissant pas assez de temps aux centres de soins pour les prendre en charge. « Ce laps de temps est crucial. Environ 25 % des victimes pourraient potentiellement survivre », explique Geoffrey Dobson, un des deux chercheurs, en association avec Hayley Letson, à l'origine de ce traitement.
Selon le site d'information australien ABC, il a fallu plusieurs années à l'équipe de chercheurs pour trouver et mettre au point une substance qui permettrait de maintenir les soldats en vie plus longtemps après qu'ils ont été blessés.
Alors qu'aujourd'hui, le mythe du « zéro mort » cache la réalité des combats, ce traitement pourrait permettre une réelle amélioration des soins des blessés. D'autant plus que la recherche dans ce secteur stagne depuis la guerre du Vietnam, rien n'ayant été inventé de majeur dans le domaine de la réanimation des soldats depuis plus de 40 ans.
Un traitement facilement transportable agissant comme un électrochoc
Ce sérum est en fait composé d'une drogue dénommée « adénocaïne », un mélange de lidocaïne (un anesthésique), d'adénosine (un vasodilatateur) et de magnésium. La particularité de cette drogue est qu'elle « [élève] la tension artérielle des victimes les premières minutes après qu'elles ont été blessées », augmentant ainsi leurs chances de survie. Comme continue de l'expliquer Geoffrey Dobson, la prise de ce traitement est similaire à des électrochocs en direction du coeur et du cerveau. Après l'hémorragie, le cœur ne donne plus autant de pression dans le corps. [Ce] traitement va donner un coup de fouet au cœur pour augmenter la pression artérielle, mais pas trop non plus pour ne pas aggraver le saignement ». Le rétablissement à un niveau quasiment normal de la pression sanguine va protéger le cerveau contre la formation de lésions cérébrales, celui-ci étant de nouveau irrigué.
De plus, l'utilisation de ce sérum est extrêmement facile et permettrait aux victimes de rester en vie le temps qu'elles soient prises en charge par une équipe soignante. En effet, une toute petite quantité seulement de sérum est requise pour traiter le blessé. Une première dose (50 millilitres suffisent pour un soldat de 70 kilos) doit être injecté directement après la blessure (dans le sang ou la moelle osseuse), puis une seconde juste avant son évacuation pour stabiliser l'état de la victime.
Un traitement qui a le mérite d'être facilement transportable, en comparaison avec les « 8 litres de liquides parfois nécessaires à une réanimation traditionnelle », comme le note l'étude.
Des tests à poursuivre
Pour le moment, le traitement n'a été testé que sur des rats et des porcs, mais l'armée américaine doit bientôt lancer des expérimentations sur l'Homme, selon les chercheurs. Ce sérum pourrait également être utile, une fois développé, aux personnes vivants dans des endroits reculés et isolés.
Cette petite révolution du monde de la médecine devra donc encore attendre un peu avant d'être utilisée par l'armée.
À noter que, déjà en 2011, des experts de la London School of Hygiene and Tropical Medicine avaient préconiser la généralisation de l'utilisation d'un médicament sur les champs de bataille. Ce traitement, qui favorisait, lui, la coagulation du sang, a déjà permis de réduire de près de 10 % la mortalité des soldats blessés.