Prison pour femmes : 39 détenues stérilisées sans le savoir en Californie
Rédigé par Emmylou Drys , le 27 June 2014 à 09h12
La série télévisée "Orange is the new black" raconte l'expérience de Piper (en orange), de passage en prison
Une enquête révèle qu’une quarantaine de femmes détenues dans des centres pénitenciers dans l’Etat de Californie aux Etats-Unis ont subi contre leur gré une ligature des trompes, les rendant par conséquent stériles.
Peut-être êtes-vous fan de la récente série américaine diffusée sur Netflix, Orange is the new black. Cette fiction raconte l’histoire de Piper, une jeune femme intellectuelle qui se retrouve à purger une peine de prison suite à des erreurs de jeunesse. Au sein de la prison se passe bien entendu toute sorte de choses, dont des détenues enceintes qui doivent accoucher puis laisser leur bébé aux soins d’autrui. Quand la réalité dépasse la fiction, il est temps de se poser des questions. Dans plusieurs prisons des États-Unis, des dizaines de femmes se sont fait ligaturer les trompes sans en avoir connaissance afin d’éviter ce genre de situations.
Un scandale de plusieurs mois
Déjà en 2013, le scandale avait éclaté et les suspicions que certaines femmes avaient été opérées sans avoir donné leur accord préalable et donc sans être consciente de la perte de leur fertilité. Le Center for Investigative Reporting (CIR) a enquêté et vient malheureusement de confirmer la véracité des faits : 39 détenues ont subi une stérilisation forcée.
Entre 2006 et 2010, ce sont 144 femmes qui ont subi une ligature des trompes lors de leur passage en prison. Bien que certaines de ces opérations aient été volontaires, d’autres ont été forcées voire cachées, comme le prouvent les faits ci-dessus.
Ces femmes mutilées sont toutes âgées entre 26 et 40 ans avec un profil de présumées récidivistes. L’État de Californie veut éviter que les naissances en centre de détention soient trop nombreuses et pensaient sûrement avoir trouvé la solution miracle.
Non-respect de la procédure légale
En temps normal, pour procéder à une telle opération, la détenue doit donner son accord légal. Ensuite, le médecin traitant la patiente doit également signer ce papier approuvant que la détenue accepte et qu'elle comprend les conditions d’une telle opération. De plus, la détenue doit observer un délai de réflexion de 30 jours avant l’intervention, pour le cas où elle changerait d’avis.
Dans certains cas, et cela est sûrement le pire, les détenues ont subi une pression morale afin de passer à l’acte : « On m’a donné l’impression que je serais une mauvaise mère si je ne le faisais pas » témoigne pour le CIR Christina Cordero, incarcérée pour vol de voiture.
Afin qu'un tel scandale ne puisse être répété, le Sénat a voté une loi proposant de limiter ce type d’interventions à des cas spécifiques comme lorsque la mère est en danger de mort ou qu’elle se retrouve dans l’impossibilité physique de donner naissance au bébé. L’Assemblée Nationale américaine doit encore valider ce texte.