L’incroyable pouvoir oxygénant du sang d’un ver marin
Rédigé par Emmylou Drys , le 26 May 2014 à 10h45
Un ver arénicole. Crédit photo : AFP
L’hémoglobine de l’arénicole, un ver marin, est cinquante fois plus riche en oxygène que celle de l’être humain. Une découverte qui pourrait améliorer plusieurs pans de la médecine actuelle.
Si vous avez l’habitude de passer vos vacances et week-end sur les belles plages de la Manche ou de l’océan Atlantique, alors vous connaissez ces tortillons de sable éparpillés sur la plage. Si vous vous demandiez quelle était cette espèce de coquillages ou crustacés, vous savez maintenant que c’est un ver marin. Plus qu’un appât de choix pour les pêcheurs, il peut à présent vous sauver la vie.
Un taux en oxygène 50 fois supérieur
« J’ai identifié une molécule qui est un transporteur d’oxygène universel et qui pourrait ainsi être transfusée à tous les groupes sanguins humains » se félicite le Dr Franck Zal, à l’origine de la découverte. En effet, les molécules d’hémoglobine du ver ont un taux d’oxygène cinquante fois supérieur à celui des globules rouges présents chez les êtres humains et ne font pas de distinction entre les différents groupes sanguins.
C’est par hasard que le Dr Zal, alors chercheur au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), découvre en 2002 le pouvoir de ce ver long de 10 à 15 centimètres, à l’aspect bien peu agréable. Il cherchait à comprendre comment cet animal arrivait à survivre aux fluctuations de la marée. Il décide alors de quitter le Centre et créé la jeune société « Hermarina » à Morlaix dans le Finistère, premier département français des technologies biomarines.
Améliorer la médecine
La société bretonne a au fil du temps déposé 18 brevets différents et levé 15 millions d’euros. En effet, cette découverte pourrait perfectionner la médecine dans plusieurs domaines.
Premièrement, ces molécules très riches en oxygène pourraient améliorer les conditions de greffe d’organes : "L'hémoglobine de ce ver permet d'oxygéner le greffon et donc de réduire considérablement les risques de rejet de greffe" affirme le Dr Zal. Cet apport supplémentaire en O2 servira aussi à la conservation des organes, « Pour toute la communauté de la transplantation, c’est un énorme espoir parce que c’est la première fois depuis très longtemps qu’on a peut-être une possibilité d’améliorer la conservation et la préservation des greffons »
En plus, des substituts de sang humain pourraient être mis au point à base de cette molécule, notamment du sang en poudre, qui servirait aux militaires sur le champ de bataille lorsqu’un apport en sang est nécessaire. Les substituts actuels, notamment le sang bovin chimiquement modifié n’est pas 100 % fiable, puisque des effets secondaires ont souvent été relevés.
Des essais cliniques devraient être effectués d’ici à la fin de l’année dans six centres hospitaliers. Un centre de production industrielle de vers en question va bientôt ouvrir ses portes sur l’île de Noirmoutier.