Le débat sur l'euthanasie et la fin de vie arrive en France
Rédigé par Anthony Laforce , le 26 February 2014 à 17h27
Le corps médical redoute "un droit à la mort"
Annoncé pour 2014, le projet de loi sur la fin de vie commence à inquiéter les professionnels de santé qui s’interrogent sur le texte.
Les professionnels de santé craignent un "droit à la mort"
Après le cas de la Belgique qui a récemment autorisé l’euthanasie pour les mineurs, la France va elle aussi connaître les débats éthiques et médicaux qui entourent l’euthanasie et la fin de vie. François Hollande l'a répété récemment, il veut faire évoluer le texte de loi en 2014, la communauté médicale s'inquiète.
Jean Leonetti, député maire d’Antibes et auteur de la loi en vigueur sur la fin de vie a ainsi déclaré : « Beaucoup de médecins craignent que l’on donne la mort à celui qui le demande sans trop se poser de questions, au nom d’une fausse compassion ». L’opinion publique et les médecins divergent sur ce point, ces derniers craignent en effet «un droit à la mort» trop libre et vulgarisé dans les consciences.
Une concertation nationale a été lancée sur la fin de vie pour trouver un consensus général
La mort et la fin de vie restent deux choses qui dérangent les sociétés, tant d’un point de vue religieux qu’éthique. Les médecins ne veulent pas avoir à donner la mort sur simple décision du patient, ce dernier doit cependant pouvoir choisir : la question de l'euthanasie reste très difficile à traiter, notamment pour les politiques.
Une concertation nationale a été lancée à ce sujet, notamment pour éviter les taulées de 2013 au sujet de l’avortement ou du mariage homosexuel, et cela semble fonctionner : un consensus se dessine ainsi sur une meilleure prise en compte du patient mais également sur la possibilité d’une «sédation profonde et terminale» pour des patients en fin de vie et dont la douleur n’a plus de remède.
Le Dr Jean-Marie Faroudja, président de la section éthique du conseil national de l’ordre des médecins, rappelle que «donner délibérément la mort, c’est non», mais également que les directives anticipées ne peuvent répondre à toutes les situations. En effet personne ne peut prédire à l’avance son état d’esprit en cas d’accident. «Personne n'a évidemment envie de devenir paraplégique, mais qui dit qu'après un accident on préfère encore mourir ?» rappelle-t-il.
Le dialogue entre médecin et patient doit être au centre des débats
Le dialogue entre médecin et patient est finalement l’élément le plus essentiel dans ces débats. En effet le professionnel de santé peut aider son patient à envisager toutes les options de soins et de traitements alternatifs à essayer encore alors que le patient, informé, peut choisir librement d’un suicide assisté ou non.
Comprendre le désir de mourir d’un patient sera cependant l’un des plus grands enjeux des médecins qui, contrairement au cliché de «la fausse compassion», veulent généralement aller jusqu’au bout de tous les traitements pour sauver leurs patients.
La ministre de la santé, Marisol Touraine assure qu’elle mènera «les consultations nécessaires pour qu’un accord le plus large possible puisse être trouvé sur un texte de loi».