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Pollution : l'air parisien aussi nocif qu'un 20 m² rempli de fumeurs

Rédigé par , le 25 November 2014 à 15h10

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Vue sur Paris, sous un voile de pollution.

Vue sur Paris, sous un voile de pollution.

Selon une étude du CNRS et de la Mairie de Paris, la pollution de l'air de la capitale serait beaucoup plus importante qu'on ne le pensait jusqu'alors. Les résultats, impressionnants, appellent à la mise en place de mesures de précaution le plus rapidement possible.

Une mesure de la qualité de l'air inédite aux résultats inquiétants

Si cela fait longtemps que les réseaux de surveillance de la qualité de l'air sont conscients de sa dégradation, ceux-ci n'en mesuraient jusqu'à maintenant pas totalement l'ampleur. En effet, pour cette nouvelle étude du CNRS, des chercheurs ont mesuré pour la première fois les particules les plus fines, dont la taille est inférieure à un micron (un millième de millimètre). Pendant les 18 derniers mois, un petit appareil posé sur le Ballon de Paris, la montgolfière située dans le 15e arrondissement, a mesuré la qualité de l'air sur une colonne de plusieurs centaines de mètres de hauteur, grâce à un rayon laser. Cet appareil, le seul à pouvoir détecter ces infimes particules dans l'atmosphère, a pu les analyser pour en déterminer leur composition. Ces mesures sont beaucoup plus précises que celles disponibles jusqu'à maintenant, qui étaient prises par des stations basées au sol.

Cet exploit scientifique a cependant révélé des données beaucoup moins réjouissantes : au cours d'une journée lambda, les Parisiens respirent près de 200 000 particules ultrafines par litre d'air (soit deux respirations). Or, ces nanoparticules, qui sont les plus nombreuses dans l'air, (200 fois plus de particules comprises entre 0,2 et 1 micron qu'entre 1 et 10) sont les plus dangereuses pour la santé. En effet, si les plus grosses sont bloquées au niveau du nez et du pharynx, les plus petites peuvent s'insérer dans les bronchioles et les alvéoles, d'où elles peuvent ensuite passer dans le sang, provoquant ainsi des maladies cardiovasculaires.

Ce sont ces particules ultra-fines qui étaient le plus représentées lors du pic de pollution de décembre 2013, où entre le 9 et le 14, 3 millions en moyenne de particules fines par litre d'air ont été enregistrées. Le record, atteint le 13 décembre, témoigne d'un pic à 6 millions de particules fines inférieures à un micron par litre d'air mesuré. « C'est une situation semblable à celle du tabagisme passif, un test en laboratoire ayant montré que la fumée de huit cigarettes dans une pièce d'environ 20 m² produit autant de particules (de nature différente)» révèle cette étude.

Des conséquences importantes sur la santé

Si la nocivité de ces nanoparticules était déjà connue, c'est leur importance qui inquiète désormais. Selon cette étude, dont les résultats ont été révélés lundi 24 novembre, les Franciliens ont respiré près de 30 fois plus de particules fines que d'ordinaire durant l'hiver 2013.

En France, 42 000 décès prématurés sont directement liés à l'exposition chronique à ces nanoparticules, « soit une perte de l'espérance de vie de huit mois », insiste Jean-Félix Bernard, président d'Airparif (organisme chargé de la surveillance de la qualité de l'air).

                                                                                 L'industrie est un des facteurs de pollution de la capitale, avec le chauffage, les transports et l'agriculture.

L'impossibilité de mesurer ces particules fines jusqu'à présent et l'absence de données les concernant fait qu'il est difficile de mesurer à court terme l'impact de cette pollution. Celles-ci ont néanmoins été déclarées « cancérigènes » par l'OMS en 2012.

On sait cependant que la pollution atmosphérique liée aux particules est extrêmement nocive et qu'elle peut être à l'origine d'asthme, d'allergies, de maladies cardiovasculaires ou respiratoires, voire de cancers. Un rapport de l'Agence européenne de l'environnement, publié récemment, note que « des études plus récentes montrent que [cette pollution] peut affecter la santé d'une autre façon, qu'il s'agisse du développement du foetus ou encore des maladies en fin de vie ». L'OMS estime ainsi que plus de 2 millions de personnes dans le monde meurent chaque année suite à l'inhalation de particules fines, parmi les 7 millions de décès découlant de la pollution globale de l'air.

Comment s'attaquer au problème ?

L'étude insiste sur la nécessité d'agir rapidement afin de réduire les émissions de ces particules. Celles-ci proviennent principalement du chauffage, des transports, de l'industrie et de l'agriculture.

Christophe Nadjovski, adjoint au maire de Paris en charge des transports, a affirmé que la Mairie préparait un plan pour début 2015 afin de réduire ces émissions polluantes : « Ce plan aura deux axes, l'un visant à réduire le volume de la circulation automobile en développant les alternatives à la voiture, l'autre à modifier le parc roulant constitué à 60 % de véhicules diesel ». Les véhicules les plus polluants pourraient également être progressivement exclus de la circulation. L'adjoint note cependant qu'« il y a une une faille dans la législation actuelle (…), les particules fines [n'étant] ni mesurées ni réglementées ».

Ces nouvelles données et ce qu'elles appellent comme actions devraient être au centre des « Respirations », ces rencontres sur la qualité de l'air qui se dérouleront pour la première fois à Paris au Carreau du Temple, le mercredi 26 novembre. 

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L'auteur
Laure Hanggi

Laure Hanggi

Rédactrice

Bio

Etudiante en histoire passionnée d'actualité en général et notamment des questions de santé moderne, en tant qu'enjeux de société. Voir plus

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