Progression inquiétante de l’antibiorésistance chez les animaux

Les utilisations abusives et inadéquates des antibiotiques favorisent l’apparition des bactéries résistantes. Si le phénomène est désormais bien connu du grand public en médecine humaine, il l’est moins en médecine vétérinaire. L’usage excessif de ces médicaments chez les animaux participe également à l’émergence de ce problème de santé publique.

Les animaux destinés à la consommation humaine fortement impactés

Les antibiotiques sont des substances chimiques, naturelles ou de synthèse, prescrites pour le traitement de différentes infections bactériennes. Cette découverte médicale majeure a sauvé des millions de vies. Administrés chez l’Homme et les animaux, ils inhibent la croissance des bactéries ou les détruisent. Par contre, ils sont d’aucune utilité contre les autres microbes tels que les virus et les champignons.

Cependant, le succès des antibiotiques a conduit à leur utilisation abusive. Dans certains pays, 80 % de la consommation sont destinées aux animaux. Pire, le volume d’antibiotiques donnés aux animaux continue d’augmenter partout dans le monde. Aussi, rien de plus normal que le phénomène d’antibiorésistance chez les animaux enregistre une hausse inquiétante.

L’antibiorésistance résulte d’une exposition récurrente aux antibiotiques des bactéries. Par le passé, des doses massives d’antibiotiques ont été utilisées sur des animaux sains destinés à la consommation humaine afin de prévenir d’éventuelles infections. La situation dans les pays en voie de développement est encore plus alarmante avec une augmentation exponentielle de la demande de viande.

La nécessité de la mise en place rapide d’une aide sanitaire appropriée

Les résultats de l’étude réalisée par une équipe de chercheurs internationaux montrent que 50 % des bactéries multirésistantes sont détectées dans les denrées alimentaires d’origine animale dans les pays en voie de développement. Afin d’endiguer leur progression et de mieux gérer cette crise, les auteurs lancent un appel aux pays développés pour la mise en place d’une aide sanitaire.

Comme la résistance aux antibiotiques est devenue un problème de santé publique mondiale, fournir des efforts considérables pour la réduire dans les pays développés est totalement vain si elle progresse de manière prodigieuse dans les payes en voie de développement. L’accès et l’usage des antimicrobiens dans ces pays ne sont pas encore strictement règlementés.

Une réponse sanitaire urgente s’impose et une coordination au niveau mondial indispensable pour ne pas hypothéquer les efforts réalisés à ce jour. Depuis quelques années, l’Organisation mondiale de la santé appelle à cesser ou restreindre toute utilisation d’antibiotiques chez les animaux en bonne santé. En moyenne, cela permettrait de réduire entre 10 et 15 % la prévalence de l’antibiorésistance chez les animaux.