Blocs opératoires, parmi les plus pollueurs et énergivores
Rédigé par La Rédaction , le 24 May 2018 à 14h36
Bloc opératoire, gaz anesthésiques et pollution.
En mai 2012, la revue Anesthesia & Analgesia a consacré un numéro spécial à l’anesthésie durable. Ainsi, beaucoup de dysfonctionnements peuvent être facilement identifiés dans les blocs opératoires tels que la pollution chronique aux gaz anesthésiques et la consommation élevée d’énergie. Quelques années plus tard, rien ne semble avoir évolué.
Les gaz anesthésiques, une source de pollution non maitrisée
La pratique de l’anesthésie est indissociable des blocs opératoires. Cependant, cela n’est pas sans conséquence sur l’environnement. A l’heure actuelle, une intervention chirurgicale sous anesthésie générale génère plus de gaz à effet de serre qu’un déplacement en voiture de Paris à Lyon. Un acte médical en chirurgie produit jusqu’à 230 kg de CO2 contre seulement 120 kg de CO2 pour le trajet Paris-Lyon.
Les blocs opératoires représentent une source de pollution majeure pour la simple raison que le pourcentage des gaz anesthésiques inhalés par les patients est faible. Le reste, plus de 95%, est rejeté dans l’atmosphère sans le moindre recyclage. D’après le Dr Jane Muret, anesthésiste à l’Institut Curie, ils sont évacués à l’aide des prises SEGA ou Système d’Evacuation des Gaz Anesthésiques.
Le fonctionnement de ces prises SEGA est simple. Elles aspirent hors des blocs opératoires les gaz anesthésiques non métabolisés par les patients. Puis, comme elles ne sont pas dotées d’unités de traitement adéquates, elles les évacuent directement dans l’environnement. Ainsi, les gaz anesthésiques sont rejetés en l’état dans l’atmosphère.
Le Deltasorb, un dispositif de capture et de purification des gaz
La pollution aux gaz anesthésiques est directement liée à la nature du produit utilisé dans les blocs opératoires. Afin de le mettre en évidence, une équipe de chercheurs canadiens a estimé les émissions de carbone de trois établissements hospitaliers du Canada, des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Les trois critères mesurés sont la consommation d’énergie, l’émission de gaz anesthésiques et le niveau de déchets matériels.
Pour l’hôpital John Radcliffe en Grande Bretagne, la consommation d’énergie est responsable de 84 % de ses émissions de carbone. Comme cet établissement hospitalier est plus grand, un tel chiffre parait normal. Par contre, la part des gaz anesthésiques ne représente que 4 % contre respectivement 63 % et 51 % dans les hôpitaux canadien et américain.
Les gaz étudiés par cette équipe de chercheurs canadiens sont les gaz dits halogénés comme le desflurane, l’isoflurane et le sevoflurane. En plus d’être polluants, certains de ces gaz coûtent plus cher. Une entreprise canadienne a créé un dispositif, le Deltasorb, permettant de capturer, de purifier et de réutiliser ces gaz anesthésiques.