Les médecins négligent leur propre état de santé
Rédigé par La Rédaction , le 24 April 2017 à 12h27
Les médecins plutôt enclins à l'auto-diagnostic.
Chargés de soigner la population, les médecins sont pourtant laxistes sur leur propre état de santé. Ils travaillent plus que la majorité et souffrent la plupart du temps de stress mais ne se soignent pas toujours correctement. La plupart des médecins sont en effet adeptes de l’automédication.
Les médecins en mauvaise santé et plus vulnérables
Plus de deux siècles plus tôt, Voltaire a ironisé en affirmant qu’il n’y a rien de plus ridicule qu’un médecin qui ne meurt pas de vieillesse. Or, les médecins ressemblent aux cordonniers considérés comme les plus mal chaussés. Ils ne sont pas en meilleure santé comparés au reste de la population. Ils se fient à leur diagnostic plutôt que de consulter un confrère.
Le Dr Gilles Lazimi, professeur de médecine générale à l’Université Pierre et Marie Curie, en témoigne et cite son cas pour exemple. Gravement malade, il a mis du temps avant d’accepter sa pathologie. Pour cause, les médecins minimisent souvent leurs propres problèmes de santé. Et même après l’établissement du diagnostic, ils sont encore dans le déni.
Une telle négligence a pour effet d’aggraver leur état de santé. En général, leurs maladies ne sont diagnostiquées qu’à un stade avancé. Ce qui rend les traitements plus lourds, plus longs et plus onéreux. Selon le secrétaire général du collège des anesthésistes réanimateurs, Dr Max Doppia, cela s’explique par l’essence même du métier de médecin.
La menace du burn-out par la crainte d’être mal vu
Cette prise de risque inconsidérée trouve son explication dans la volonté des médecins de ne pas faire faux bond à leurs patients mais aussi et surtout à leurs collègues. Une étude réalisée aux Etats-Unis a révélé que 92,5% d’entre eux négligent leur santé pour être toujours présents pour leurs patients quand 99% ne souhaitent pas faire défaut à leurs confrères.
Cette situation rend les médecins encore plus vulnérables à l’épuisement professionnel, plus connu sous le terme de syndrome du burn-out. Une enquête datant de 2007 a déjà montré que la moitié des médecins libéraux s’en est plaint. Chez les médecins généralistes, ce taux atteint 60%. Les praticiens en établissements hospitaliers ne sont pas mieux lotis comme en attestent les quelques suicides de soignants.
Le collège des anesthésistes réanimateurs a lancé la campagne « Doc, t’as ton doc ? » afin de remédier au problème et d’inverser la tendance. Celle-ci a un double objectif, celui de pousser les médecins à avoir un médecin traitant et de sortir du cercle vicieux de l’autodiagnostic et de l’automédication.