Bisphénol A : la molécule qui nous empoisonne la vie
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 24 April 2014 à 08h37
Les boites de conserves sont souvent pointées du doigt car elles contiennent pour une majorité d'entres elles, du bisphénol.
Bisphénol A : des chercheurs français ont récemment découvert de nouveaux effets pour le bisphénol A sur la Santé. Obésité, diabète, cette molécule pourrait être un facteur aggravant face à ces deux pathologies.
Un poison déjà connu des scientifiques
Depuis plusieurs années déjà, les scientifiques et les professionnels de santé dénoncent les risques liés au Bisphénol A (BPA). Ce perturbateur endocrinien (il chamboule nos hormones, ce qui a un impact sur notre santé entre autre) est connu du monde médical pour son action sur le fonctionnement des hormones, on sait maintenant qu’il est à l’origine de cancer hormono-dépendants, mais aussi et surtout de troubles de la fertilité. En 2011, l’Union Européenne a interdit l’usage du bisphénol A dans les biberons, mais depuis, peu semble avoir été fait au niveau européen pour limiter encore plus l’usage de ces molécules.
Ce composé chimique, présent partout dans notre quotidien, des boites de conserve aux lubrifiants en passant par les fontaines à eau ou encore les tickets de carte bancaire, est reconnu comme nocif. Les scientifiques pensaient alors que les œstrogènes (une catégorie d’hormones féminines) étaient les principales victimes du BPA. Des chercheurs français de l’Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier et de l’École Nationale Supérieure (ENS) de Lyon ont cependant découvert que cette molécule pouvait avoir un rôle à jouer dans le diabète de type 2, dans certaines fonctions cérébrales et dans l’obésité. Les résultats de leur étude sont parus dans la revue de biologie The Federation of American Societies for Experimental Biology Journal le 17 avril 2014.
Un impact sous estimé
Au cours de leurs recherches, les scientifiques ont remarqué que le BPA agissait sur plusieurs récepteurs - chargé de la circulation de l’information dans le corps – dont ERRy, qui a une attirance pour le BPA 1000 fois plus élevée que celle des œstrogènes. Vincent Laudet, directeur de l’étude précise à ce titre que les effets liés au bisphénol A « [sont] bien plus importants que prévu et qu’il faudrait par conséquent réévaluer son impact sur la santé humaine ».
Le récepteur ERRy tient un rôle particulier dans la sécrétion de l’insuline chez les poissons-zèbres, utilisés dans le cadre de l’expérience, au même titre que l’homme. ERRy joue aussi un rôle dans le métabolisme des souris, au niveau du cœur et des muscles squelettiques. Tout laisse à penser que chez l’homme, ERRy recouvre aussi plusieurs fonctions.
La France lutte activement contre le BPA
Du fait d’une sensibilité 1000 fois plus importante au BPA chez ce récepteur que chez les œstrogènes, les scientifiques souhaitent revoir les doses journalières admissibles (DJA) de cette molécule. Limité à 50µ/kg/jour par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (Efsa), cette dernière a revu sa position sur le bisphénol A en janvier dernier en évoquant l’idée de diviser par dix les quantités tolérées. Cette réaction faisait suite aux pressions exercées par les consommateurs et certains États dont la France.
À ce titre, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) a confirmé en début de mois que les risques sanitaires liés au BPA sont certes modérés, mais bien réels. En France, depuis 2013, le bisphénol est interdit dans tous les aliments prévus pour les enfants de moins de trois ans. Depuis décembre dernier, une loi prévoit par ailleurs d’interdire définitivement l’usage du BPA dès juillet 2015.