Des revues scientifiques peu scrupuleuses sur leurs publications
Rédigé par La Rédaction , le 23 July 2018 à 11h49
Certaines revues scientifiques ne vérifient pas les informations qu'elles publient.
Face aux coûts excessifs des éditions privées, l’open source se développe à grande vitesse, ce qui favorise l’apparition de revues scientifiques en accès libre peu scrupuleuses. Pour preuve, des journalistes allemands ont réussi à faire publier une étude fantaisiste sur le cancer dans la revue Journal of Integrative Oncology.
Une étude fictive sur la propolis basée sur des données fabriquées
Deux journalistes allemands du quotidien Süddeutsche Zeitung et de la radio publique NDR sont à l’origine de la publication de cette fausse étude sur le cancer. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une enquête sur les publications sans fondements scientifiques. Leur objectif est de démontrer la facilité pour n’importe qui de faire publier des contenus sans la moindre valeur.
L’étude en question concerne l’efficacité de la propolis sur le cancer colorectal. La propolis est une substance résineuse provenant d’arbres et utilisée par les abeilles pour construire les alvéoles de leurs ruches. Cette étude fictive, basée sur des données fabriquées, affirme que la propolis est plus efficace que les chimiothérapies conventionnelles. Pourtant, sa publication a été acceptée en moins de dix jours.
La revue incriminée appartient au groupe Omics, un soi-disant éditeur scientifique installé en Inde. Déjà pointé du doigt pour la qualité de ses revues et publications, Omics jouit en plus d’une mauvaise réputation dans l’organisation de conférences prédatrices. Il s’agit de congrès scientifiques ayant pour but de gonfler le CV des participants.
Une enquête sur des dizaines de maisons d’édition peu scrupuleuses
La démarche des deux journalistes allemands n’est pas une première. La revue Science s’est lancée en 2013 dans une manœuvre de ce genre. Un journaliste de la revue a fait parvenir un article bidon sur les vertus anticancéreuses du lichen à plus de 300 revues « scientifiques » en accès libre. Quelques jours après l’envoi, plus de la moitié a accepté sa publication.
La ministre allemande de la Recherche, Anja Karliczek, a déclaré être favorable à l’ouverture d’une enquête. D’ailleurs, il est dans l’intérêt de la science de découvrir les véritables raisons ayant permis la publication de ces fausses études. Comme l’édifice scientifique repose sur la confiance, de telles erreurs sont susceptibles d’entamer la crédibilité de la science.
Dans les revues les plus prestigieuses, la publication d’études et d’articles est toujours soumise à un processus de validation très méticuleux. L’étude ou l’article fait l’objet d’une évaluation par d’autres scientifiques spécialisés dans le même domaine. Cet examen prend généralement plusieurs mois. Toutefois, la pression à la publication fait l’affaire des revues « scientifiques » prédatrices.