Syrie : destruction du système de santé par le régime, les civils laissés sans soins
Rédigé par Clémentine Billé , le 20 May 2014 à 15h00
Alep après des bombardements des forces gouvementales
Les civils sont constamment mis en danger par les bombardements : le conflit syrien dure depuis maintenant trois ans. La santé des populations civiles est désormais mise en lumière par un rapport, dénonçant la destruction de toutes les structures de santé dans le pays.
Comment mettre des rebelles à terre ? En les empêchant de se soigner. Le régime de Bachar Al-Assad est responsable de 90 % des assauts dans les hôpitaux, empêchant ainsi les opposants de se soigner. Problème : la population civile pâtit autant de ces méthodes.
Près de 500 professionnels de santé tués
C’est le premier rapport qui démontre la destruction du système de santé syrien. L’ONG Physicians for Human Rights (PHR) a décompté plus de 150 attaques en trois ans, de mars 2011 à mars 2014, contre des structures ou directement des professionnels de la santé. Ce sont les vidéos et autres sources anonymes qui ont permis de démontrer la culpabilité des forces gouvernementales pour la mort d’au moins 468 brancardiers, pharmaciens, infirmiers et médecins.
« Ce qui se passe en Syrie est du jamais-vu », annonce Susannah Sirkin, la directrice du département international de PHR. Le rapport est loin d’être exhaustif, et cela inquiète l’ONG. Les cliniques de fortune par exemple, mises en place par les rebelles, ne sont pas prises en compte. Sans montrer l’étendue des dégâts causés au réseau de santé, PHR met en lumière la stratégie du régime syrien. Vingt hôpitaux ont notamment été bombardés plusieurs fois, jusqu’à la fermeture définitive de leur portes, et vingt-quatre autres qui se trouvaient dans des endroits presque désertiques, sans aucune structures importantes autour. Cela prouve « le caractère intentionnel » des attaques selon l’ONG.
Les camps de réfugiés ont à peine une pharmacie ouverte
« On sait qu'en temps de conflit la neutralité des structures de santé est souvent violée […] par exemple, à Sarajevo, au Darfour ou en Somalie » constate Susannah Sirkin. Elle continue, alarmée : « mais la manière systématique avec laquelle le régime syrien bombarde ses hôpitaux et tue ses médecins est unique dans l'histoire des trente dernières années ». 93 % des ambulances du pays ainsi que la moitié des hôpitaux syriens ont été endommagés voire totalement détruits. L’armée à commencer à bombarder les hôpitaux de Homs, bastion des rebelles jusqu’à il y a quelques jours. Cet élément démontre une nouvelle fois la stratégie des forces gouvernementales. Pendant le premier trimestre de 2014, ce sont tirs d’obus et de roquette qu’ont connus les établissements de Baba Amro, nouveau bastion de la révolte. À Alep, la banque de sang a été l’une des premières structures mises hors service.
Le camp de réfugiés palestiniens à Yarmouk, près de Damas, ne compte plus qu’une pharmacie en activité contre plus d’une centaine avant le début du conflit en mars 2011. PHR appelle à une réaction de la Cour Pénale Internationale, et souhaite avant tout l’envoi immédiat de convois humanitaires dans les secteurs tenus par la rébellion, où les civils n’ont plus accès aux soins médicaux.