FIV : un nouvel espoir en 3 dimensions
Rédigé par Laure Hanggi , le 22 September 2014 à 17h20
Le CHRU de Montpellier a déclaré, aujourd'hui en fin de matinée, avoir réussi à reconstituer un embryon humain, grâce à une imprimante 3D. Véritable révolution dans le monde médical, cette première mondiale devrait permettre l'amélioration des implantations d'embryons dans le cadre des fécondations in vitro (FIV).
La fécondation in vitro : une opération difficile
Des chercheurs du CHRU de Montpellier ont réussi ; grâce à une imprimante 3D, à reconstituer un embryon humain constitué de seulement quelques cellules. Pour le professeur Samir Hamamah, un des inventeurs du procédé, « c’est un pas de géant pour la fécondation in vitro ».
En effet, celle-ci est le fruit d'un processus long et délicat, n'aboutissant à une grossesse que dans un tiers des cas. En amont de l'implantation in utero, plusieurs embryons sont créés, parmi lesquels se trouve celui qui sera implanté. Or, ce choix s'avère être très difficile, car il ne faut pas se tromper sur celui qui aura le plus de chance de s'implanter et d'amener la grossesse jusqu'à son terme. Les outils dont disposent les médecins pour faire ce choix sont arrivés à leurs limites, le microscope ne permettant pas de voir les défauts d'un embryon invisible à l’œil nu. Le choix se fait donc quasiment à l'aveuglette, sans conviction quant au succès de l'opération.
Rendre visible l'invisible
Grâce à quelques photos et un logiciel, les chercheurs ont réussi à transformer l'invisible en visible, en agrandissant et matérialisant un embryon au stade préimplantatoire. "Jusqu'à présent dans le cas d'une AMP (assistance médicale à la procréation), on observait les embryons au microscope sur un seul plan. Avec cette avancée médicale, nous prenons plusieurs plans de l'embryon que nous plaçons dans un logiciel, ce qui permet de le reconstituer et de l'imprimer également en 3D", déclare le Pr Hamamah. Le résultat de l’impression en 3D, de la taille d'une pomme, est une réplique exacte de l'embryon, pouvant être manipulée et étudiée. "L'imprimé en 3D nous permet d’examiner l'embryon tranquillement. Plus la coquille de l'embryon est épaisse, plus on sait [qu’il] aura du mal à éclore et à sortir pour s'implanter dans l'utérus", a expliqué le Pr Hamamah sur Europe 1. Issue de la collaboration entre la société montpelliéraine Tridilogy, l'Inserm, l'Université de Montpellier 1 et le CHRU, cette technique permettra de faciliter le choix du meilleur prétendant à la fécondation. C'est la première fois dans le monde qu'une équipe de recherche réussit l'impression 3D d'un embryon de moins d'une semaine. Cette réplique, qui n'a évidemment rien d'humain, représente un espoir immense pour les couples infertiles. En France, un couple sur six a des difficultés pour concevoir un enfant.
Une technique révolutionnaire pour un défi majeur
L'espoir que les chercheurs espèrent concrétiser réside dans l'augmentation des taux de succès d'implantations d'embryons dans le cadre des FIV. En effet, 85 % de celles-ci se soldent par un échec, l'embryon ne s'implantant pas dans l'utérus. « Ce taux de succès est insatisfaisant, confie Samir Hamamah. Notre objectif, c’est que les parents rentrent chez eux avec un bébé dans les bras. La 3D va nous permettre de mieux observer les embryons et de repérer, beaucoup plus facilement, ceux qui sont aptes à une fécondation in vitro et d’accroître, nous l’espérons, le taux de réussite ». Cette nouvelle technique, respectant l'éthique médicale selon ses créateurs, pourrait permettre de doubler le taux de réussite des FIV.
En plus de l'espoir que cela représente pour les couples en mal d'enfants, cette technique leur permettrait de faire des économies non négligeables. Une FIV coûte en effet 5 800 €, et ce prix peut monter jusqu'à 20 000 € dans d'autres pays. Cette technique, qui abaisserait le nombre de tentatives (2,8 en moyenne) de fécondation, rendrait la FIV plus abordable pour les couples.
Cette révolution médicale a été brevetée en Europe et aux États-Unis le 1er juillet 2014 aux noms de l'Inserm, de l'UM1 et du CHRU de Montpellier.