L’Institut Pasteur mis en cause par deux ministres
Rédigé par Emmylou Drys , le 21 May 2014 à 16h35
En avril dernier, l’Institut Pasteur a perdu plus de 2000 tubes contenant des fragments du virus SRAS. Les ministres des affaires sociales et de l'éducation et la recherche Marisol Touraine et Benoit Hamon ont marqué leur sévère inquiétude suite à un compte de rendu d’une inspection.
Une note confidentielle rédigée par les Ministres de la Santé et de l’Éducation, Marisol Touraine et Benoit Hamon, a été révélée hier par le site Mediapart. Elle a pour origine l’affaire qui avait éclaté le 13 avril dernier, dévoilant que le renommé Institut Pasteur avait égaré des tubes à essais de recherche.
Des tubes perdus… ET jamais retrouvés
Ces tubes, contenant des fragments du virus SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), une maladie des poumons, ont mystérieusement disparu du congélateur qui les conservait. « Il s'agit sûrement un problème de gestion de la traçabilité », expliquait alors Gaëtan Rudan, directeur de l’inspection à l’ANSM, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament. Leur perte avait été constatée en janvier dernier à l'institut mais révélée finalement qu’en avril par l'Agence qui elle-même en avait été informée à la fin mars.
Le directeur de l’Institut Pasteur Christian Bréchot avait considéré que les tubes avaient probablement été détruits et se voulait rassurant en expliquant qu’aucune contamination n’était possible dans le cas contraire. L’Institut avait porté plainte contre X afin d’éclaircir cette affaire, mais les résultats, de toute évidence, n’ont pas été concluants.
De fortes anomalies
La note ministérielle détaille plusieurs anomalies : Il apparaît une « Forte probabilité de destruction [des échantillons] non ordonnée par les responsables et sans traçabilité, retard de deux mois dans la transmission de l'information aux autorités compétentes, listes des personnes habilitées non initialement disponibles, congélateurs non sécurisés, absence de vidéosurveillance, archives non disponibles le week-end. »
En attendant qu'un deuxième inventaire des contenants à risques soit effectué, les recherches de l’Institut Pasteur ont été provisoirement suspendues par l’ANSM. Un premier rapport est attendu le 31 mai et des résultats définitifs seront connus fin juillet.