Un tampon soluble contre la contamination du Sida
Rédigé par Céline Le Goff , le 20 August 2014 à 11h41
Pour éviter d'être infecté par le virus du Sida et des autres Infections Sexuellement Transmissibles (IST), il n’existe actuellement que deux méthodes, se protéger ou s’abstenir. Une troisième conçue pour les femmes pourrait bientôt faire son apparition sur le marché, il s’agit d’un tampon soluble diffusant un médicament antirétroviral sur les muqueuses vaginales.
50% des personnes contaminées par le Sida dans le monde sont des femmes
Les femmes ne sont pas épargnées par le sida, loin de là. Elles représentent la moitié des personnes infectées par le virus dans le monde et 31% en France. L’OMS a expliqué dans un rapport que « les zones de muqueuses exposées durant les rapports sexuels sont plus étendues chez les femmes que les hommes ; il y a une plus grande quantité de fluides transférés par l’homme que par la femme, une plus forte teneur en virus des fluides sexuels transmis par les hommes et des micro-déchirures des tissus du vagin (ou du rectum) peuvent être causées par la pénétration sexuelle ».
Des chercheurs bio-ingénieurs de l’Université de Washington ont conçu un tampon pour protéger les femmes de la contamination du VIH. Ils ont publié une étude préliminaire en juin dernier dans le journal Antimicrobial Agents and Chemotherapy dans laquelle ils expliquent leur manière de procéder et la technique utilisée pour concevoir cette nouvelle protection. Ils ont combiné des fibres de soie avec du maraviroc (un médicament anti VIH qui permet de stopper la contamination). Ils ont réussi à développer un matériel synthétique, à l’aide de la technique de l’électrofilage, pouvant contenir une teneur importante en médicament et se dissout au contact de l’humidité de la paroi vaginale. L’électrofilage est un procédé permettant de préparer des fibres possédant un diamètre de l’ordre du micromètre ou de quelques centaines de nanomètres. Le produit antirétroviral diffusé sur l’ensemble des muqueuses vaginales empêche la contamination.
Le médicament rétroviral effectif au bout de 6 minutes environ
Pour faciliter l’utilisation, les chercheurs ont décidé de produire la protection sous forme de tampon. Les femmes doivent donc l’appliquer quelques minutes avant le rapport sexuel, celui-ci se dissout à l’intérieur du vagin et le médicament rétroviral est effectif au bout d’environ 6 minutes. Ainsi, il représente une méthode discrète de se protéger.
« Ceci pourrait offrir aux femmes une méthode potentiellement plus discrète et efficace de se protéger contre une infection au VIG en insérant des composés chargés de médicaments dans le vagin avant des rapports » explique Cameron Ball, l’un des responsables de la mise au point de ce tampon. Le tampon soluble peut également protéger contre d’autres IST (Infections Sexuellement Transmissibles) telles que l’herpès.
Malheureusement, il faut encore attendre quelques années avant sa commercialisation. Les essais cliniques n’ont toujours pas débuté et n’ont même pas été programmés. Selon des estimations, les essais cliniques commenceront dans environ cinq ans et la commercialisation débutera dans 10 ans environ. En attendant, sortez protégés.