Avortement en péril, l'Espagne
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 20 January 2014 à 09h40
Femen manifestant contre le retour en arrière sur l'IVG en Espagne.
La réforme du droit à l'avortement secoue la société espagnole depuis le 20 Décembre dernier.
Depuis le 20 décembre dernier, un séisme secoue la société espagnole. Il s’agit de la réforme concernant le droit à avorter proposé par le ministre de la justice espagnol Alberto Ruiz Gallardon.
« Avortez Ruiz Gallardon », c’est le slogan phare de la nouvelle année en Espagne. La réforme du droit à l’avortement a été adoptée par le gouvernement le 20 décembre dernier. Depuis, rien ne va plus de l’autre côté des Pyrénées. Promis par Mariano Rajoy lors de sa campagne en 2011, la « loi organique de protection de la vie de la personne conçue et des droits de la femme enceinte » est selon le ministre de la justice une avancée pour la protection de l’enfance. La loi qui devait prendre en compte les dangers de survie d’un embryon fait finalement le distinguo entre le handicap et les « malformations du fœtus qui sont incompatible avec la vie ». Un fœtus, même si il présente un handicap, a le droit de se développer jusqu’à maturité estimait M. Ruiz Gallardon lors de sa présentation.
Le viol ou la vie
Telle qu’elle est proposée, cette réforme rapproche de zéro le droit à avorter. Seul deux raisons pourront être invoquées pour une demande d’interruption de la grossesse : Premièrement, l’avortement en cas de viol. Il sera limité aux 12 premières semaines de grossesse et possible uniquement après un dépôt de plainte. L’avortement en cas de danger pour la santé physique ou psychique de la mère, la seconde exception reconnu dans le projet, nécessite en contrepartie un double diagnostique médical a précisé le ministre et sera impossible après 22 semaines. L'opposition s'est aussitôt insurgé et le porte-parole du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol a demandé l'abandon du projet, le qualifiant même "d'attentat contre la démocratie"."Les femmes qui ont le moins de moyens financiers interrompent leur grossesse dans des conditions peu sûres et qui peuvent mettre leur vie en danger » a commenté quant à elle l’association Médecins du Monde.
Avec cette annonce, le gouvernement espagnol voit pour la première fois depuis son investiture la société espagnole dans sa quasi-totalité s’unir contre lui. En effet, 86% des sondés qui ont participés à une enquête lancé par le journal « El Pais » se sont manifestés en faveur de l’avortement. Ce taux atteint même les 68% chez les sympathisants du Parti Populaire, dont est issu le premier ministre.