Première victime française du virus Ebola : le point sur les conditions de rapatriement
Rédigé par Laure Hanggi , le 18 September 2014 à 14h02
Hier soir, mercredi 17 septembre, l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé qu'une de ses volontaires avait été contaminée par le virus Ebola, alors qu'elle opérait à Monrovia au Liberia. Elle pourrait être rapatriée en France dès aujourd'hui.
Les conditions du rapatriement
Suite à cette nouvelle, de nombreuses questions se posent sur le déroulement du rapatriement. En effet, cette nouvelle victime dont l'identité est maintenue secrète, est la première de nationalité française. La France va donc, pour la première fois, accueillir sur son sol une victime de l'épidémie qui fait rage en Afrique de l'Ouest depuis mars dernier.
Cette volontaire française qui opérait au Liberia, le pays le plus durement touché par Ebola, a été placé en isolement dès l'apparition des premiers symptômes ce mardi. A ce que l'on sait, son état serait stable.
Le lieu et la date de son rapatriement sont gardés secrets, même s'il devrait très probablement avoir lieu aujourd'hui, et que la victime devrait être envoyée vers l'un des neuf hôpitaux de références (dont l'hôpital Bichat et la Pitié-Salpêtrière à Paris, ou la Croix-Rousse à Lyon). Ces derniers se préparent depuis des semaines à l'arrivée éventuelle d'un malade dans le cadre du protocole de sécurité défini dans cette hypothèse ; qui se voit confirmée aujourd'hui.
La malade française a d'ores et déjà été prise en charge par un dispositif médical spécial sur place et sera rapatriée « à bord d'un avion médicalisé dédié », comme l'ont précisé les Ministères des Affaires étrangères et de la Santé dans un communiqué. Ce rapatriement se fera dans des « conditions de sécurité maximale », a (r)assuré le ministère de la Santé. Cependant, face aux chiffres toujours plus impressionnants des victimes et du taux de létalité du virus, l'inquiétude grandit.
Peu de risque de propagation en France
Les spécialistes, eux, affichent une image sereine et affirment qu'il n'y a pas de raison de s'inquiéter. La situation en France et dans les pays occidentaux en général n'est pas du tout la même que celle dans les pays d'Afrique de l'ouest touchés par le virus.
Pour Rosa Crestani, coordinatrice de l'intervention Ebola pour MSF, le risque de propagation est beaucoup moins élevé dans les pays développés munis de systèmes de santé et de surveillance efficaces.
Les spécialistes des maladies infectieuses sont clairs sur la question : la population française ne doit pas s'inquiéter. Pour eux, le risque de propagation d'Ebola en France est quasi-inexistant.
Les hôpitaux français sont également à l'affût. Tout est fait pour que les victimes du virus n'y croisent pas d'autres patients. De même, comme le virus ne se transmet que par contact direct avec du sang, des sécrétions ou des liquides biologiques contaminés, toute possibilité de contact entre les malades et leur environnement doit être prévenu. Ainsi, tous les établissements qui ont été prévus pour accueillir potentiellement des personnes contaminées disposent de chambres P4, c'est-à-dire des chambres d'isolement de très haute sécurité. Ces dernières sont protégées par des sas et s'ouvrent grâce à un capteur optique pour éviter d'avoir à entrer en contact avec la porte. De plus, la pression de ces chambres est négative afin d'éviter que les agents infectieux se dispersent dans l'environnement. Le personnel médical qui sera quant à lui chargé de s'occuper du patient, sera protégé par des combinaisons isolant le corps de l'extérieur.
Contenir l'épidémie
On peut tout de même s'interroger sur les conditions de travail du personnel soignant sur place, qui se trouve de plus en plus touché par l'épidémie. Le virus ne se transmettant que par contact avec des fluides humains contaminés, la lutte contre Ebola semble se dérouler dans des conditions qui ne sont pas optimales. Dès le début du mois de septembre et face à la recrudescence des cas chez le personnel médical, l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) mettait en cause la pénurie d'équipements de protection individuelle (masques, gants), ainsi que leur mauvaise utilisation, et le sous-effectif de médecins entraînant une charge de travail favorisant les erreurs.
Le taux de décès est le même parmi le personnel soignant que dans la population. Il faut endiguer le processus, car une épidémie incontrôlable chez les médecins serait désastreuse pour la lutte contre la maladie.
Barack Obama a ainsi annoncé, ce mardi 16 septembre, l'envoi de 3000 militaires américains en renfort pour construire de nouveaux centres de traitement dans les zones les plus touchées. L'ONU a réclamé de son côté un milliard de dollars pour lutter contre l'épidémie.