Mutuelles étudiantes : se soigner, une vraie galère

Après le tollé sur la Mutuelle étudiante LMDE et ses graves dysfonctionnements, le Défenseur des droits (une autorité constitutionnelle indépendante) revient à la charge en pointant du doigt les difficultés d’accès aux soins pour les étudiants. Ce système aussi coûteux que défavorable a été vivement critiqué par Jacques Toubon, le représentant du Défenseur des droits, dans un rapport intitulé « Accès des étudiants aux soins : leur protection sociale est-elle à la hauteur des enjeux ? ». 

Mutuelle étudiante : à quand la sortie de crise ?

Depuis 2012, les critiques envers les Mutuelles étudiantes ne diminuent pas. Après la proposition de l’UFC-Que choisir, en 2012, qui suggérait de rapatrier la santé des étudiants au sein des caisses primaires d’assurance-maladie, un rapport sénatorial paru la même année proposait une réforme profonde voire la suppression de ces dernières. Une fois encore, les reproches sont cinglants et proviennent cette fois-ci du représentant du Défenseur des droits, dans son rapport nommé « Accès des étudiants aux soins : leur protection sociale est-elle à la hauteur des enjeux ? », dans lequel Jacques Toubon relate les dysfonctionnements.

Entre les retards d’affiliation à la Sécurité Sociale, les cartes Vitales inutilisables, les remboursements arrivant avec un an de retard ou n’arrivant pas du tout et enfin le manque d’information, la liste des reproches est longue et les Mutuelles étudiantes en font les frais. En effet, la LMDE, la principale mutuelle étudiante et également la plus désorganisée, devrait sûrement fermer ses portes.

Le Défenseur des droits a recueilli ses informations directement auprès des étudiants. Pas moins de 1 500 étudiants ont donné leur avis entre le 5 décembre 2014 et le 5 février 2015 (ce qui n’est pas très représentatif vu le panel restreint pour le nombre total d’étudiants). Dans la ligne de mire, se trouve donc la LMDE avec 55 % des reproches la concernant. Le reste concerne la Smerep et le réseau Emevia.

Les embûches des Mutuelles étudiantes

Lorsqu’un jeune rentre en études supérieures, différentes Mutuelles étudiantes le prennent d’assaut dès son premier jour d’inscription. LMDE, Smeno, Smerep, Emevia… encore faut-il faire le bon choix. Pourtant les problèmes arrivent dès l’affiliation à la Mutuelle. « Depuis juillet 2014, je suis inscrite à la [mutuelle] et à ce jour, le 11 décembre, je n’ai toujours pas de carte Vitale, ni d’attestation et ils ne répondent jamais au téléphone. Je dois reporter des soins car je n’ai pas les moyens d’avancer l’argent ». témoigne une étudiante. 26 % des étudiants ayant répondu à l’appel à témoins ont rencontré un problème d’affiliation ou de désaffiliation tandis que 23 % ont été dans l’obligation d’avancer eux-mêmes leurs frais de santé.

Passé cette étape, 36 % des étudiants ont eu du mal à obtenir la fameuse carte Vitale, indispensable aux remboursements qui selon 57 % des sondés arrivent bien trop tard (avec parfois plus d’un an de retard). Pour échanger sur ces difficultés avec sa Mutuelle, mieux vaut posséder une patience hors-pair. Près de 50 % des démarches restent sans réponse et quand réponse il y a, celle-ci arrive avec énormément de retard.

Selon le rapport « Le manque de considération des étudiants (…) constitue indéniablement un facteur d’aggravation d’un phénomène de renoncement aux prestations de Sécurité sociale, par défaut d’information ou par lassitude des démarches administratives qu’ils doivent entreprendre ». De ces problèmes sont ressorties onze solutions proposées par le Défenseur des droits : donner une carte Vitale aux étudiants dès leur affiliation, accélérer les délais de remboursement, renforcer la formation du personnel ou encore améliorer la qualité des réponses.

Des solutions simples mais qui ne sont pas systématiquement mises en place. L’avenir des Mutuelles étudiantes reste sur la sellette tant qu’elles ne présenteront aucune amélioration de leur système interne.