Les médecins poussent un coup de gueule en déclarant une journée noire de la médecine
Rédigé par Anthony Laforce , le 18 February 2014 à 11h30
1 médecin sur 2 serait proche du burn-out, le chiffre effarant est posé. Et le débat autour du tiers-payant généralisé ne fait qu’enfoncer un peu plus la communauté des médecins.
L’union française pour une médecine libre (UFML) organise ce mardi un « jour noir » de la médecine pour sensibiliser le grand public au burn-out chez les professionnels de santé. L’épuisement professionnel (dont on vous parlait dans notre dossier sur la santé au travail) est un phénomène qui s’accroit de plus en plus chez les médecins : trop d’heures, trop de stress, 1 médecin sur 2 environ serait proche du burn-out et leur taux de surexposition au suicide serait de 2.37 (contre 1.3 pour les policiers et 1.01 pour les employés de France Telecom) selon l’UFML.
Il est rare que les médecins soient en grève. Et pourtant.
Vous connaissez le flash-mob ? Danse effectuée sur un hit populaire simultanément par des dizaines, voire des centaines de personnes à la fois, c’est le moyen de communication qu’ont choisi les médecins aujourd’hui pour se manifester auprès du gouvernement qui les étouffe. En blouse blanche et un stéthoscope autour du cou, ils danseront donc à 13 heures devant le ministère de la santé.
Journée noire pour la médecine qui déclame un surmenage, les tensions avec les patients et le manque de reconnaissance. Notamment dans les hôpitaux où on le sait le manque de médecins se fait cruellement ressentir et où certains praticiens font jusqu’à 70 heures par semaine, parfois sans même dormir.
Une réaction face au tiers payant généralisé
Aujourd’hui Marisol Touraine lance les débats autour du tiers payant généralisé : c’est-à-dire que les patients n’auront plus à avancer d’argent au médecin qui devra se tourner vers les mutuelles et les assurances complémentaires. « Ce qui fait la qualité de la médecine c’est la liberté, l’indépendance et la responsabilité du médecin, avec le tiers payant, le médecin se retrouve assujetti de fait aux financeurs » déclare Jérôme Marty le président de l’UFML sur France Inter ce matin. En effet il y a un risque que les mutuelles et les assurances prennent la place du médecin en lui conseillant de changer ses méthodes pour réduire les coûts. « Le médecin sera dans un conflit d’intérêt permanent entre ce que demande le patient et ce que demande le financeur […] on craint une financiarisation du soin » ajoute-t-il.
Crise de l’indépendance du médecin, surcharge administrative, cette solution pour aider les 11% des ménages ayant des difficultés d’accès au soin contraint donc encore plus les médecins qui ont aujourd’hui décidé de faire entendre leur voix.