La journée de la femme, à quoi ça sert ? Dénoncer les violences conjugales...par exemple
Rédigé par Clémentine Billé , le 07 March 2014 à 15h36
"Ne plus se taire" : le slogan officiel de la lutte contre les violences conjugales
Tous les 8 mars sont consacrés à la journée de la femme. Pour cette année, Allo-Médecins a décidé de mettre les pleins phares sur les violences faites aux femmes au sein des couples. Une journée y est également dédiée : le 25 novembre. Près de 150 femmes meurent par an sous les coups de leur compagnon, ça vaut le coup d’en parler encore, et la FNSF nous y a aidé !
Elle existe depuis 1917. En 1982, après de longues batailles, elle obtient enfin un statut officiel : la journée de la femme est alors célébrée tous les 8 mars. L’occasion pour les hommes d’offrir un bouquet de fleurs à leur compagne ? L’évènement va beaucoup plus loin : militants et associations luttant pour le féminisme rappellent durant cette journée l’inégalité entre hommes et femmes.
La journée de la femme : à quoi ça sert ?
Des actions sont menées tout au long de la journée. Le président Hollande lui-même a un programme spécial : rencontres au Ministère des Droits des femmes, déjeuner avec des patronnes issues de PME puis visionnage d’un documentaire sur le rôle des femmes pendant la Première Guerre Mondiale.
Une récente étude montre que 3 femmes sur 4 gagnent encore moins que leur mari. La situation socio-économique sera alors à l’ordre du jour. Pour d’autres, le combat se livre dans la sphère privée. 1 femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. La Fédération Nationale Solidarité Femme (FNSF) profite de cette journée pour sensibiliser une nouvelle fois l’opinion publique et a bien voulu répondre à nos question.
Violences conjugales : les enfants aussi sont traumatisés
Est-ce que ce que je vis est de la violence ? Comment puis-je faire pour quitter mon mari, où vais-je vivre ? Stop aux questions, la FNSF apporte maintenant ses réponses. Tous les ans, cette organisation reçoit 20 000 appels. « De plus en plus de femmes osent en parler » souligne Françoise Brié, vice-présidente de la FNSF, avant d’ajouter « notre numéro national, le 39 19, assure l’anonymat et n’apparait pas dans les historiques d’appels, c’est important pour ces femmes qui ont honte ou peur ».
La vice-présidente de la fédération part d’un constat : le schéma de la société patriarcale encourage certains hommes à exercer une domination sur leur femme. La dépendance financière en fait partie. Il y a donc plus de violences quand l’un des deux partenaires ne travaille pas, notamment lorsque c’est la femme. Ce phénomène s’est accentué depuis la crise. « Les femmes n’ont pas les moyens pour vivre, pour elles et parfois leurs enfants, donc elles vont rester plus longtemps dans les violences » regrette Françoise Brié. Les enfants : 30 à 40% d’entre eux sont aussi maltraités lorsque leur mère est battue. Dans tous les cas, ils sont exposés aux violences. « Ils entendent tout, ils voient tout, ils ont peur » rapporte Mme Brié. Parfois c’est eux-mêmes qui appellent au 39 19 pour leur mère.
Une stratégie commune à tous les hommes violents
A la FNSF, seul des femmes répondent pour conseiller et écouter les victimes. Elles remarquent une stratégie commune à tous les acteurs. Le cycle de la violence s’avère très particulier : les agresseurs alternent entre phases de sympathie, appelées « les lunes de miel », et les phases de violences. L’homme commence d’abord par des attaques verbales répétées jusqu’à ce que la femme soit fragilisée psychologiquement. Cette phase précède toujours le passage aux gestes. Les périodes de violence se rapprochent de plus en plus, jusqu’à ce que la femme décroche son téléphone, ou meurt. Les hommes violents « font preuve de perversité (…) Certains vont porter plainte en accusant leur femme d’être folle ou d’être elle-même l’auteur des violences » explique la vice-présidente de la fédération pour la solidarité de la gente féminine.
Accompagner les femmes battues au téléphone jusqu’à ce qu’elles aillent dans les associations
Il n’existe pas de profil type d’homme exerçant des violences conjugales. Cependant, des facteurs aggravants se dégagent : la violence subie pendant l’enfance, être sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants, ou encore l’inactivité économique. Et les femmes ? Toutes sont susceptibles de connaitre de telles violences un jour. Françoise Brié note toutefois que les femmes qui ont connu des violences dès l’enfance arrivent moins facilement « à sortir de leur silence, à entamer les démarches car il y a des traumatismes graves ». Elle ajoute alors « C’est pourquoi il est primordial de s’occuper des enfants très tôt ».
Les femmes restent en moyenne dix ans avec leur compagnon violent avant d’oser en parler. Le déclic ? Une nouvelle forme de violence, avoir peur pour sa vie et surtout celle de ses enfants. Parfois, c’est simplement l’entourage qui les convint. La première chose à connaitre est qu’il ne faut pas déposer plainte tout de suite puisque tant que les partenaires sont sous le même toit, les violences risquent alors de redoubler si l’agresseur l’apprend. « C’est tout un travail de réflexion qu’on a avec elle sur le cycle de la violence, sur l’emprise, sur la domination, sur la possibilité d’être hébergé. Il y a tout un cheminement pour leur faire comprendre que c’est en restant qu’elle se mettent, avec leurs enfants, en danger ».