Projet de loi : des hôtels médicalisés moins chers que les hôpitaux
Rédigé par Laure Hanggi , le 14 October 2014 à 18h01
Le développement des hôtels hospitaliers pourraient permettre de réaliser de grandes économies.
Le gouvernement est en train de débattre sur le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), afin d'envisager toutes les possibilités de faire des économies. Parmi celles-ci, l'option du développement des hôtels hospitaliers fait beaucoup parler d'elle.
Des économies à réaliser impérativement
Le déficit de la Sécurité Sociale n'en finit plus de se creuser. Aujourd'hui équivalent à près de 12 milliards d'euros, il aurait dû passer sous la barre des 10 milliards durant l'année 2014. La Cour des Comptes juge par ailleurs que le retour à l'équilibre, prévu pour 2017, est désormais plus qu'incertain. C'est dans ce contexte tendu qu'est discuté actuellement le budget 2015 de la Sécurité Sociale par le gouvernement, qui veut réaliser 3,3 milliards d'économie dans la branche Assurance-Maladie de la Sécurité Sociale.
L'une des principales pistes prises en considération concerne la réduction de la durée de séjour des patients à l'hôpital, par le développement des hôtels hospitaliers. Cette proposition vient du député PS Olivier Varan, également rapporteur de la branche « Assurance-Maladie » de ce budget. Celui-ci considère que transférer des patients dans un hôtel hospitalier après une opération mineure permettrait de faire des économies importantes. En effet, une nuit à l'hôpital coûte 1250 euros par patient à l'État, contre 50 euros dans la cas d'une nuitée dans ces hôtels médicalisés. Seuls quelques hôpitaux proposent ce service à ce jour, d'où la volonté du gouvernement d'étendre l'implantation et le développement de ces hôtels médicalisés sur le territoire français.
Une proposition qui s'inscrit au sein du développement de la chirurgie ambulatoire
Les rares établissements de ce type existant déjà ont été créés parallèlement au développement de la chirurgie ambulatoire. Cette dernière désigne la pratique consistant à laisser rentrer le patient 12 heures après son opération. Ces structures, qui accueillent ce type de patient, s'adressent particulièrement à ceux habitant loin de l'hôpital où ils ont été pris en charge et qui se retrouveraient donc sans surveillance une fois sortis.
Jusqu'à présent, la charge des nuitées dans ces hôtels hospitaliers revenait aux patients et n'était pas remboursée par les mutuelles. Olivier Véran va donc déposer un amendement afin que ces coûts soient remboursé par l'Assurance Maladie et que l'État développe ce type d'infrastructures. Les fonds d'investissement régionaux devraient financer la mise en place de ces hôtels qui pourraient bénéficier d'une surveillance infirmière 24h/24. Ainsi, «les séjours des patients seraient remboursés, et ils seraient surtout moins chers qu’une hospitalisation traditionnelle », déclare Olivier Véran.
Cette coopération entre les villes et les hôpitaux permettrait de fluidifier le passage des patients ainsi que de réaliser des économies importantes. Selon Marisol Touraine, la ministre de la Santé, « une opération sur deux devra être réalisée sans hébergement à l'hôpital en 2016. Ces mesures permettront d'économiser 1,5 milliards d'euros sur trois ans, dont près de 1 milliard pour la chirurgie ambulatoire ».
Un projet à développer
En France, seul de rares hôpitaux proposent ce service, tels que l'Hôtel-Dieu à Paris ou l'Institut Gustave Roussy à Villejuif. Ceux-ci s'inspirent des modèle d'hébergements largement développés aux États-Unis et en Europe du nord, pionnière en chirurgie ambulatoire.
En France, près de 90 % des habitants sont largement favorables à la chirurgie ambulatoire. Selon un sondage réalisé pour le groupe de cliniques Générale de Santé (premier groupe français d'hospitalisation privée), plus de 8 Français sur 10 considèrent la chirurgie ambulatoire comme « le mode d’hospitalisation de demain » et « un signe que la médecine progresse ». Une aubaine pour le gouvernement qui trouvera un obstacle en moins dans sa course aux économies.