Google va-t-il transformer nos maisons en salle d'attente ?

Le géant du web a confirmé être en train de travailler sur la mise en place d'un nouvel outil de santé. Encore en phase de test, il permettrait de mettre en relation des internautes et des médecins par chat ou vidéos.  

Avoir la médecine au bout des doigts

Qui n'a jamais, suite à une douleur « suspecte » ou l'apparition de symptômes, fait une recherche rapide sur Internet pour trouver une réponse ou un remède ? Aucun site ou forum ne pouvant remplacé un vrai médecin, ce réflexe n'est pas sans risque. C'est pourquoi Google, bien conscient de cette tendance, a mis en place un nouvel outil pour utiliser cette dernière à son avantage.

C'est un utilisateur américain de Reddit (site web communautaire d'échange de liens) qui a vendu la mèche, en partageant une capture de son écran après avoir fait une recherche de ce style. Google, qui a détecté qu'une recherche médicale avait été faite, propose de le mettre en relation avec des professionnels de santé. Il précise également que pendant la période d'essai, tous les coûts sont assumés par l'entreprise.

Ce nouvel outil permettrait donc, à partir de la saisie de mots clé sur Google, d'être mis en relation avec un spécialiste. Google a confirmé être en train de tester ce dispositif, bien que les détails de sa mise en place soient encore inconnus. En attendant, le moteur de recherche met en avant le côté pratique de cet outil, en affirmant vouloir donner à ses internautes les informations qui lui seront le plus utiles.

Google à la conquête du marché de la santé

L'intérêt du géant du web pour la santé n'est pas une surprise. Dès 2007, Google investissait près de 4 millions de dollars dans la société 23andme.com, spécialisée dans l'analyse du code génétique. En 2013, il va plus loin en annonçant la création de Calico, filiale dont le but est d'améliorer la recherche scientifique pour accroître l'espérance de vie.

L'intérêt pour la santé que manifeste Google se justifie par les bénéfices qu'il a à en retirer. En attirant les internautes vers ses propres services en ligne, Google peut espérer des retombées importantes grâce aux publicités présentes sur différentes pages liées à ces sujets de santé. Ainsi, en orientant les internautes grâce à cet outil, Google rabattrait des millions de clients potentiels pour toutes ses publicités.

Comme le faisait remarquer Time en 2013, « la médecine est sur le point de devenir une science de l'information : les médecins et les chercheurs sont désormais capables de récolter et d'analyser de gigantesques quantités de données auprès de leurs patients. Et Google est très, très bon avec les grandes bases de données ».

Si la capture d'écran diffusée par l'internaute précise que la version test est gratuite, on peut légitimement déduire que la version finale ne le sera pas. Si le prix de ce service n'est pas encore connu, ce dernier pourrait représenter une véritable concurrence aux médecins, qui sont déjà en compétition les uns avec les autres « grâce » au service de notation de Google.

Quelle mise en place ?

Uniquement testé sur la version américaine du moteur de recherche, cet outil s'insérerait au sein de Helpouts, plateforme créée à la fin de l'année 2013 par Google. Des utilisateurs y sont mis en relation avec d'autres utilisateurs « experts » dans un domaine. Les conseils vont des cours de gym à l'apprentissage de la musique en passant par les conseils carrière. Huit catégories existent ainsi, accessibles via Google + : art et musique, cuisine, fitness et nutrition, formation et carrière, informatique et électronique, maison et jardin, mode et beauté ainsi que santé.

Selon le site américain The Verge, cet nouvel outil pourrait être une solution car « bien qu'Internet soit utile pour beaucoup de choses, il n'a jamais été une bonne source de conseils médicaux ». Pour lui, Google serait peut être en train de « remédier » à cette situation.

Ce service pourrait servir à désengorger les hôpitaux et cabinets de médecine, ainsi que d'atteindre des zones reculées, mais des questions se posent quand même déjà. Par exemple, on ne sait toujours pas ce que fera Google de l'ensemble des données médicales récoltées au sein de ces entretiens. De plus, aucune information n'est à ce jour disponible sur la fiabilité de ce service, ni qui seront les médecins mis en relation avec les internautes, ou comment ceux-ci seront sélectionnés.

En ce qui concerne la France, la télémédecine y est autorisée depuis 2011, à condition de respecter des règles bien précises (concernant l'authentification du médecin et l'accès aux données médicales du patient). Ainsi, si le projet devait voir le jour, il serait peut être limité par ce règlement, de même que par les questions de remboursement par la Sécurité Sociale.