Développer une tumeur avec seulement 30 minutes de téléphone par jour
Rédigé par Clémentine Billé , le 13 May 2014 à 15h00
Dessin de Boligan, tiré de son blog www.boligan.com
Les Français utilisent 2h30 par jour leur portable. Pourtant, une récente étude montre qu’il suffit de 30 minutes d’usage quotidien pour augmenter les risques de développer une tumeur au cerveau. Les autorités sanitaires et les associations de téléphonie tirent la sonnette d’alarme.
Nomophobe ! C’est le nouveau mot à la mode pour désigner les accros du portable, ou plus précisément, ceux qui ont peur d’être hors contact de leur téléphone mobile. Vous ne pouvez plus vous passer de votre smartphone : les notifications, les alertes quand vous recevez un mail, ou les jeux sur mobile vous sont indispensables. Savoir que 30 minutes accroché à son portable chaque jour favorise les tumeurs du cerveau vous fera-il changer d’avis ?
Les Français utilisent leur mobile 2h30 par jour
Une équipe française révèle le lien entre utilisation intensive de l’appareil et tumeur au cerveau dans la revue « Occupational and Environmental Medicine ». Ils ont réalisé une étude épidémiologique (étude des facteurs influant sur la santé et les maladies de populations) auprès de personnes atteintes de méningiomes et gliomes, c’est-à-dire des cellules cancéreuses.
L’Isped (Institut de santé publique d’épidémiologie et de développement) de l’université de Bordeaux remarque une augmentation des risques dès quinze heures d’appels par mois, soit une demi-heure par jour ! Cette découverte est alarmante puisque les Français utilisent en moyenne leur portable 2h30 par jour. N’oublions pas que les ondes continuent aussi à faire leur effet lorsque l’appareil se trouve à proximité de soi, et que de nombreux Français dorment avec leur téléphone allumé juste à côté de l’oreiller, tel leur doudou.
« Cette étude montre que le risque de contracter un gliome est multiplié par deux pour les utilisateurs de longue durée d'un portable », souligne Annie Sasco, médecin épidémiologiste. L’étude précise que les utilisateurs professionnels comme les commerciaux et les vendeurs vivant en zone urbaine sont les plus touchés par le risque de tumeurs temporales.
Vague de réactions devant l’inaction des autorités françaises
L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) s’interroge sur « la possibilité d'effets à long terme […], particulièrement dans le cas d'utilisateurs intensifs ». Ils sont inévitables selon lui, et c’est bien pour cela que le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé comme « cancérogènes possibles » les champs électromagnétiques de radiofréquences. Le directeur de l’Isped Roger Salomon veut de son côté rassurer et apaiser cette vague de réactions. Il annonce alors : « cela ne veut pas dire que tous les gens qui téléphonent vont avoir une tumeur au cerveau ».
Janine Le Calvez, la présidente de l’association Priartem (Pour une réglementation des implantations d’antennes de téléphonie mobiles) rétorque immédiatement « combien de preuves faudra-t-il avant qu'on ne lance de réelles mesures de protection de la population, notamment des enfants qui commencent à utiliser un portable dès l'âge de 13 ans ? ». Mme Le Calvez martèle que cette étude devrait tirer la sonnette d’alarme auprès des autorités françaises pour engager une campagne nationale d’information et de prévention.