Les groupes sanguins sont-ils réellement des indicateurs de santé ?
Rédigé par Laure Hanggi , le 12 September 2014 à 12h37
Le rôle des groupes sanguins dans la santé est évoqué dans une nouvelle étude américaine qui met en cause le groupe sanguin AB dans les risques de perte de mémoire à un âge avancé.
Une découverte importante à approfondir
Cette étude, effectuée au sein de l'Université de Médecine du Vermont et dirigée par Mary Cushman, a été publiée ce mercredi 10 septembre dans la revue Neurology, et a suivi pas moins de 30 000 personnes âgées de plus de 45 ans pendant 3 ans. Parmi ce panel, 495 participants avaient des troubles de mémoires, et les résultats obtenus à partir de leurs cas ont été confrontés avec ceux de 587 autres dépourvus de troubles cognitifs. Il en est ressorti que les personnes appartenant au groupe sanguin AB avaient plus de dispositions face au risque de perte de mémoire, indiquant ainsi que les groupes sanguins pourraient jouer un rôle non négligeable dans l'évolution de la santé des hommes.
Le groupe sanguin AB regroupe une très faible partie de la population. Les personnes y appartenant ne représente que 4 % de la population, et ceux dont le rhésus est négatif (AB-) sont encore plus rares. Ils ne sont en effet que 1 % dans le monde entier. Bien que peu nombreuses, ces personnes sont beaucoup plus exposées que la moyenne aux troubles de la mémoire, souffrant d'un risque accru de 82 % de développer ce type de problème, qui peut pointer à moyen terme vers un début de démence.
Mary Cushman, la directrice de l'étude, a tout de même rappelé sur la BBC que le groupe sanguin était loin d'être le seul facteur à prendre en compte dans le développement de troubles cognitifs. L'hypertension, le diabète ou le cholestérol sont également à surveiller. Elle précise aussi que d'autres études devront être effectuées pour approfondir ces résultats, notamment pour analyser le lien entre une démence installée et le groupe sanguin, car les recherches ne sont pas encore assez abouties pour affirmer que le groupe AB soit lié au développement de ce trouble en particulier.
Les groupes sanguins : un sujet d'étude privilégié
Cette étude s'inscrit dans un courant de recherche s'intéressant particulièrement au rôle que pourraient avoir les groupes sanguins dans notre prédisposition ou non à certaines maladies. Elle poursuit ainsi des recherches précédemment effectuées qui s'étaient attachées à prouver le rôle des groupes sanguins dans le développement de problèmes cardiaques, et qui avaient démontré que les personnes appartenant au groupe O présentaient moins de risques de contracter ce type de maladie ou d'être victimes d'un infarctus (ce dernier pouvant lui-même causer des problèmes de mémoire).
Le monde de la médecine, et a posteriori le grand public, a pendant longtemps considéré les groupes sanguins uniquement à travers les questions de compatibilité inter-humaines (greffes) ou de transfusion sanguine. Mais une nouvelle théorie, encore plus ou moins à un stade embryonnaire, s'intéresse au sang et à ses particularités pour déterminer des prédispositions, ou leurs absences, face à certaines maladies, notamment cardiaques. C'est justement le sujet d'une étude effectuée en 2012 par le Dr Meian He, de l’École de santé publique de Harvard aux États-Unis, qui s'est appuyée sur de larges données regroupant 62 073 femmes et 27 428 hommes.
Après avoir utilisé un modèle mathématique pour éviter les erreurs d'interprétations dues à des variables telles que l'âge ou le poids, l'étude a montré que les personnes issues du groupe A ont un risque accru de maladies cardiovasculaires de 5 %, comparativement aux personnes issues du groupe O. Pour les personnes du groupe B, ce risque est accru de 11 %, et pour ceux du groupe AB de 23 %. Encore une fois, ce dernier groupe semble plus enclin à développer des troubles de différentes sortes. Cela viendrait, pour les maladies cardiovasculaires, de la présence beaucoup plus élevée ,dans le sang des groupes A, B et AB d'un facteur limitant la coagulation du sang, que dans le sang de groupe O.
L'engouement entourant les groupes sanguins va même jusque dans vos assiettes, puisqu'un naturopathe, le Dr Peter Adamo, a publié un livre à la fin des années 1990, devenu depuis un best-seller, sur l'adaptation des menus en fonction de son groupe sanguin. Largement décrié dans la communauté scientifique, ces arguments ont de maintes fois été réfutées.
Ces recherches, qui méritent d'être approfondies, n'en sont qu'à leurs débuts, et annoncent peut être une nouvelle voie dans la médecine. En attendant, rappelons-nous qu'il est impossible de changer son groupe sanguin, mais que nous pouvons tenir compte d'autres facteurs de risques et adopter un mode de vie sain pour éviter le développement de ces maladies.