Chute libre des ventes de patchs à la nicotine : la e-cigarette en cause
Rédigé par Clémentine Billé , le 12 March 2014 à 12h08
La e-cigarette détrône les substituts nicotiniques classiques
Deux millions de personnes utiliseraient fréquemment la vapoteuse. Presque inconnue en 2009, cette innovation rapporte aujourd’hui plus de 100 millions d’euros par an, dépassant les substituts nicotiniques selon le Collectif des acteurs de la cigarette électronique (CACE).
Les laboratoires sont inquiets, très inquiets. Les substituts nicotiniques à la cigarette ne connaissent plus leur heure de gloire et leurs ventes dégringolent. Qui est le nouveau héros de ceux qui veulent arrêter de fumer ? La cigarette électronique détrône les patchs.
Les chewing-gums de la marque Nicorette sont les seuls à résister à la e-cigarette
Les fumeurs veulent arrêter leur addiction en douceur. Avant, seuls ces substituts étaient disponibles, mais cela apportait frustration et parfois découragement. En effet, il faut à la fois consulter un médecin et compter trois à six mois pour saisir quelle dose administrer afin d’optimiser au maximum ses chances d’arrêter de fumer. La cigarette électronique est en vente libre, et de simples conseils du vendeur suffisent à en faire un outil efficace de sevrage tabagique.
Ainsi, les ventes de patchs ont baissé de 47% et celles des médicaments comme le Champix de 44%, faisant passer le marché des produits nicotiniques sous la barre des 100 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2013. Au début de l’année dernière, les laboratoires gardaient encore tout espoir, il lançait même une nouveauté, le spray à la nicotine. Ce produit a été un échec, et l’un des coups durs pour cette industrie.
Les plus grands laboratoires, tels que GSK, Pierre Fabre ou Johnson&Johnson reconnaissent que leur avenir économique est sombre. Cependant, les chewing-gums du type Nicorette résistent à l’invasion de la e-cigarette. Pourquoi la gomme à mâcher ? Ils procurent du plaisir aux consommateurs et ne sont pas contraignants. « Le principal sujet pour les personnes qui veulent arrêter de fumer, c’est le fait d’arrêter en douceur et sans souffrir », affirme la tabacologue Marion Adler. Les laboratoires travaillent depuis des années pour améliorer le goût et la texture de ce produit.
Selon les spécialistes, la cigarette électronique n’est pas le bon moyen pour arrêter de fumer
Devant tous les débats autour de la cigarette électronique, les autorités sanitaires mettent les consommateurs en garde. Il n’y a encore aucune étude réalisée à l’heure actuelle sur les méfaits de la cigarette nouvelle génération. Deux produits sont particulièrement redoutés : le prophylène glycol et la glycérine, utilisés pour créer la vapeur. Certains spécialistes confirment qu’il vaut mieux vapoter que fumer, mais que la e-cigarette n’est absolument pas un moyen efficace pour arrêter. La revue médicale britannique The Lancet a publié une première étude qui montre toutefois qu’un sevrage en six mois serait possible avec la cigarette électronique.
Les autorités sanitaires dénoncent le manque d’étude sur la e-cigarette
Le tabac fait 73 000 morts par an en France. Si la e-cigarette paraît moins dangereuse, le flou inquiète. Il est nécessaire de faire des études sérieuses et indépendantes sur les conséquences de la cigarette électronique sur la santé.
Des laboratoires aux consommateurs, en passant par les industriels, tous demandent une législation claire sur ce produit. Il n’existe aucune réglementation, comme celles appliquées aux médicaments ou aux produits du tabac. Seules des préconisations d’experts sont émises. Par exemple, l’Office fédéral de la santé publique suisse (OFSP) conseille de ne pas vapoter en présence des enfants, en vue de la quantité de nicotine rejetée dans la vapeur. Il estime que le vapotage passif est potentiellement dangereux.