Haïti, la menace du choléra après l’ouragan Matthew

Après deux cents ans d’indépendance, Haïti fait encore partie des pays les plus pauvres du monde. Outre ses difficultés économiques, ce petit pays des Caraïbes est aussi victime de nombreuses catastrophes comme le séisme de 2010. Une semaine après l’ouragan Matthew, Haïti est aujourd’hui en proie au choléra. 

Une infection réintroduite par des casques bleus népalais

Quelques mois seulement après le terrible tremblement de terre de 2010, Haïti a soudainement été frappé par une épidémie de choléra. Cette bactérie mortelle a pourtant été éradiquée de son territoire depuis près de 150 ans. D’après un rapport de l’Organisation mondiale de la santé en août 2016, l’épidémie a causé 10 000 décès pour environ 800 000 cas détectés.

Une étude réalisée par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies a mis en cause les casques bleus népalais de la MINUSTAH. Le choléra étant endémique au Népal, bon nombre de ces soldats étaient des porteurs sains. Six ans après, l’Organisation des Nations Unies vient de reconnaître du bout des lèvres son implication.

En 2014, l’épidémie de choléra a connu un ralentissement temporaire suscitant l’espoir chez le corps médical. Cependant, le nombre de nouveaux cas a de nouveau augmenté depuis près d’un an faute de moyens pour renforcer la prévention et le traitement dès l’apparition de cas suspects. En outre, Haïti manque cruellement d’infrastructures sanitaires, d’adduction d’eau potable et d’assainissement. 

Une menace accentuée par le passage de l’ouragan Matthew

La situation n’est pas près de s’arranger en Haïti. Une semaine après le passage de l’ouragan Matthew, les autorités sanitaires s’attendent avec fatalité à une explosion de nouveaux foyers. Le pays compte déjà 500 cas par semaine. Depuis le séisme de 2010 ayant fait 230 000 morts, Haïti fait face à la pire épidémie de choléra à l’échelle mondiale.

Les 10 millions de Haïtiens courent ainsi un danger mortel. La bactérie se propage rapidement via les rivières contaminées tandis que son temps d’incubation est très court. Des renforts de personnel, des aides matérielles et des médicaments dans les meilleurs délais constituent une urgence selon Le Dr Stevenson Desravines, Directeur de l’hôpital de Port-Salut.

Qualifié d’ouragan le plus violent de ces dix dernières années, Matthew a apporté des vents à 230 km/h et des pluies torrentielles. Se basant sur les chiffres des autorités locales, Reuters avance un bilan de 877 morts. Pour sa part, l’Agence des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires a annoncé que plus d’un million d’individus ont besoin d'assistance humanitaire.