L'inefficacité des patchs de nicotine sur les femmes enceintes inquiète les chercheurs français
Rédigé par Clémentine Billé , le 11 March 2014 à 17h22
17% des femmes fument pendant les 3 derniers mois de grossesse
Une étude française concernant l’effet de la nicotine sur les femmes enceintes et fumeuses a été publiée aujourd’hui. Les résultats sont déclarés décevants par les chercheurs puisque seulement 5,5 % des femmes sous nicotine ont totalement arrêté de fumer.
Fumer pendant la grossesse augmenterait les chances que votre enfant soit homosexuel. C’est ce qu’affirmait dans une étude publiée au mois de janvier l’un des chercheurs les plus reconnus aux Pays-Bas, le neurobiologiste Dick Swaab. Information intrigante et insolite, mais non approuvée par le reste de la communauté médicale. Intéressons-nous à une étude plus sérieuse qui a tenté de faire arrêter des femmes enceintes de fumer.
17% des futures mamans fument pendant les derniers mois de grossesse
137 000 fœtus sont directement exposés au tabagisme maternel par an en France. Cela correspond à 17% de futures mamans fumeuses lors du dernier trimestre de grossesse. Outre tous les effets néfastes sur la future maman, le bébé est également exposé aux risques. Les principaux sont les malformations, un plus faible poids du bébé à la naissance, de plus grands risques d’accouchements prématurés et des complications périnatales (soit durant la 28ème semaine de grossesse et le 8ème jour suivant la naissance du bébé).
Pas facile d’arrêter de fumer du jour au lendemain. C’est pourquoi les chercheurs tentent diverses expériences pour les femmes enceintes. La dernière étude a été publiée ce matin dans le British Medical Journal. Les résultats ? Les patchs à la nicotine sont inefficaces.
L’étude a été réalisée de 2007 à 2012 sur 402 femmes enceintes majeures, et considérées comme très dépendantes à la cigarette (plus de 5 fumées par jour). Les scientifiques leur apposaient alors des patchs durant 16 heures selon Ivan Berlin (hôpital Pitié-Salpêtrière/Inserm/APHP, Paris). Cela correspondait à une dose journalière allant jusqu’à 30mg/jour : jamais une telle quantité n’a été administrée. Les scientifiques avaient bien sur reçu l’aval de l’agence française du médicament ANSM. Une cigarette contient en moyenne 0,7 mg de nicotine. La dose correspond alors à la quantité de nicotine lorsqu’une personne fume quatre à cinq cigarettes.
Seules 21 femmes sur 402 n’ont pas repris la cigarette
L’étude consistait donc à comparer la proportion de femmes qui recommençait à fumer avec des patchs placebo et des patchs nicotine. Les doses étaient adaptées selon la dépendance originale de chaque femme, et a été administrée 105 jours durant. Echec : seulement onze femmes sous nicotine, soit 5,5% d’entre elles n’ont pas repris et dix pour le groupe placebo. Le délai moyen de reprise de la cigarette était de 15 jours pour les deux cas.
Nouvelle désolation pour les chercheurs, les enfants n’avaient pas une grande différence de poids à la naissance : 3,065 kg pour les femmes sous nicotine et 3,015 kg pour les femmes avec des patchs placebo. En revanche, les 21 femmes totalement abstinentes ont mis au monde des poupons de 3,364 kg en moyenne.
Devant ces résultats qu’ils qualifient de « décevants », les scientifiques ont tout de même remarqué que pour la prochaine étude, la pression artérielle devrait faire l’objet d’une attention particulière. En attendant, ils préconisent le soutien de l’entourage pour pousser les femmes enceintes à arrêter de fumer.