Greffe de l'utérus : un espoir pour celles qui en sont dépourvues

L’équipe de chercheurs suédois qui a mis une dizaine d’années pour mettre au point sa technique, a greffé neuf jeunes femmes (31,1 ans de moyenne d’âge) en 2013. Les chercheurs aimeraient maintenant passer à l’étape du transfert d’embryon pour savoir si ce type de greffe peut permettre la naissance d’un enfant.

Elles sont des centaines en France à avoir dû subir une ablation de l'utérus et à espérer un jour retrouver cet organe essentiel de la femme. Certaines sont nées sans (syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser ou syndrome MRKH), d’autres ont un utérus dysfonctionnel ou ont subi une hystérectomie (ablation totale ou partiel de l’utérus) alors qu’elles avaient contracté un cancer.

Des greffes sans suite

L’espoir vient de Suède où le docteur Mats Brannstrom de l’University of Gothenburg est en train de suivre neufs femmes à qui on a greffé un utérus. Une première transplantation avait été réalisée à l’aube du millénaire en Arabie Saoudite, l’opération avait été abandonnée au bout de trois mois à cause d’un rejet du greffon. Il aura fallu attendre 2011 pour que l’expérience soit retentée en Turquie. La greffe s’est bien déroulée, permettant à la patiente de tomber enceinte. Néanmoins, la grossesse avait dû être arrêtée au deuxième mois, l’embryon ne présentant pas de signe de vie.

Huit des patientes étaient atteintes du syndrome MRKH avec une aplasie congénitale (il s’agit d’un dysfonctionnement qui se traduit par l’arrêt du développement des cellules ou des tissus organiques, qui date ici de la naissance) de l’utérus et du vagin. La neuvième avait pour sa part subi une hystérectomie après un cancer du col de l’utérus. Un greffon issu d’un don du vivant a été donné à chacune d’entre elle, cinq de ces greffons provenant des mères des patientes. À ce titre, sept des greffes étaient ABO identiques (entièrement compatible au niveau génétique), les deux dernières étant simplement compatibles.

La greffe réussie, la FIV en attente

Chaque prélèvement a duré entre 10 et 13 heures quand les transplantations ont pris entre 4 et 6 heures à être réalisées. Sept des neuf greffes ont fini par prendre sans présenter de complications après l’opération. Les pertes de greffon chez les deux autres cas sont dues à une thrombose aiguë bilatérale des artères utérines (les artères étant bouchées, l’utérus n’est plus alimenté par le sang) et une infection utérine persistante. Six mois plus tard, les sept utérus transplantés fonctionnent et les règles sont régulières.

Les chercheurs aimeraient maintenant passer à l’étape du transfert d’embryon pour savoir si ce type de greffe peut permettre la naissance d’un enfant, mais doivent attendre encore quelques mois (entre 12 et 18 mois après la greffe) par mesure de sécurité pour les patientes. Une défaillance ou une absence d’utérus ne signifiant en rien un dysfonctionnement des organes reproducteurs (les ovaires), les chercheurs procéderont à des fécondations in vitro (FIV) à partir des ovules des patientes.

Face à la question du don du vivant, des chercheurs français sont en train de mettre au point une technique qui permettrait de prélever un utérus sur une donneuse en état de mort cérébral sans prendre de risque pour les organes vitaux. Ces avancées, même si elles ne comptent pas pour une nécessité vitale aux yeux du monde médicale, n’en transformera pas moins la vie de milliers de femmes d’ici quelques années.