L'appendicite : une opération commune mais pas sans risque
Rédigé par Laure Hanggi , le 10 November 2014 à 14h47
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Des chirurgiens en pleine opération.
Suite à la mort d'un garçon de 11 ans, opéré d'une appendicite la semaine dernière à Metz (le dimanche 2 novembre), des questions se posent sur les circonstances du drame. Les experts et médecins sont nombreux à rappeler que bien qu'étant courante, l'appendicectomie n'est pas une opération sans risque.
Une opération commune et "bénigne"
Quand on parle d'appendicite, on désigne l'inflammation de « l'appendice vermiculaire » présent dans le système digestif. Cet appendice, qui se présente sous la forme d'un petit cylindre de 7 à 8 centimètres de long, est situé généralement sur le côté droit de l'abdomen, à la jonction entre l'intestin grêle et le gros intestin.
Lorsque celui-ci est enflammé, l'opération est nécessaire pour éviter tout risque de complications, l'inflammation pouvant s'étendre jusqu'aux membranes de l'abdomen (on parle alors de péritonite), aggravant ainsi la situation.
Dans la quasi-totalité des cas, les suites de l'opération se déroulent simplement, l'opéré pouvant recommencer à s'alimenter dès le lendemain de l'opération et la perfusion n'étant que rarement gardée plus de 24 heures. La durée d'hospitalisation après l'opération n'est que de quelques jours, bien que celle de la convalescence peut aller de 2 à 3 semaines, voire plus au cas d'ouverture de l'abdomen.
Cependant, cette opération « bénigne » présente des risques et de possibles complications, comme toute opération chirurgicale, comme le rappellent les experts, suite au drame qui a coûté la vie à un garçon de 11 ans le dimanche 2 novembre. En effet, ce type d'intervention n'est « pas si anodin que cela », des complications pouvant toujours survenir « même sur des cas a priori simple », déclare Christian Boustière, gastro-entérologue à l'hôpital Saint-Joseph de Marseille. Un appendice situé anormalement, sous le foie par exemple, ou des risques découlant de l'étendue de l'inflammation peuvent perturber le déroulement de l'opération.
Le développement de la cœlioscopie : de moins en moins d'opérations « traditionnelles »
Deux techniques d'opération existent dans le cas d'une appendicite. L'intervention classique, consistant en une simple incision de quelques centimètres en bas de l'abdomen, est cependant de moins en moins pratiquée, en raison du développement de sa « collègue ». En effet, 95 % des opérations sont aujourd'hui faites par cœlioscopie. Cette technique « mini-invasive » permet au chirurgien d'atteindre, ici, l'appendice, sans avoir à faire de grandes incisions. Le chirurgien en pratique 3 petites au niveau de l'abdomen, chacune servant respectivement à l'introduction d'une caméra permettant de voir l'intérieur de la cavité abdominale ; les deux autres permettant le passage des instruments (longs, fins et robotisés) nécessaires au retrait de l'appendice.
Toujours pratiquée sous anesthésie générale, « la cœlioscopie a vraiment apporté un plus en matière de sécurité, même si tout acte chirurgical avec l'anesthésie générale comporte un risque en soi », relève le Dr Boustiere. Avis partagé par le Pr Jacques Beaulieux, ex-chirurgien de la Croix-Rousse à Lyon et ex-président de l'Académie national de chirurgie : « La cœlioscopie est devenue pratique courante. Son risque est minime mais il existe, comme pour toute pratique chirurgicale ». Le professeur met particulièrement en avant le risque de perforation des vaisseaux ou d'organes par les « trocarts », les instruments utilisés lors de la cœlioscopie, ou par des aiguilles. « Cela peut nécessiter une intervention en urgence pour suturer les plaies vasculaires », conclut-il.
La cœlioscopie, souvent choisie si des doutes subsistent sur le diagnostic, peut s'avérer dangereuse pour les enfants, le risque de toucher un organe ou des vaisseaux avec les instruments étant plus grand.
Une enquête à suivre
Depuis une vingtaine d'années, le nombre d'appendicectomies a chuté, passant de 162 000 en 1997 à 83 400 n 2012, grâce au développement de l'échographie et des scanners pour confirmer l'inflammation de l'appendice et donc la nécessité de l'opération. « L'échographie permet d'éviter beaucoup d'opérations inutiles »,quand avant, une simple douleur au côté droit pouvait suffire à conduire un patient au bloc opératoire, explique le Dr Boustiere.
Corentin, le garçon de 11 ans décédé suite de son opération de l'appendicite, avait été admis à la Clinique Claude-Bernard de Metz le 31 octobre. Les complications survenues ont conduit à son décès le dimanche 2 novembre, dans des circonstances troublantes. Selon les premiers éléments, une autopsie a révélé que l'aorte et le foie du garçon auraient été touchés lors de l'opération.
« Les parents ont déposé plainte contre X pour homicide involontaire», a indiqué leur avocat Me Marc Baerthelé à l'AFP. « Personne n'a été visé nommément dans la plainte, l'enquête dira s'il y a des responsabilités pénales ». Le directeur de l'hôpital clinique Claude-Bernard, Cyril Dufourq, a, quant à lui, promis « la transparence » de l'hôpital tout au long de l'enquête. Le chirurgien de l'opération a été interdit de bloc.
Une adolescente de 17 ans avait elle aussi trouvée la mort suite à une opération de l'appendicite en septembre 2013, son aorte y avant été perforée.