Suggestions

Spécialités les plus consultées

Suggestions

Choisissez une région

Espace Pro
/ / Apple watch : la question de la protection des données médicales est posée

Apple watch : la question de la protection des données médicales est posée

Rédigé par , le 10 September 2014 à 17h04

Vous aimez cet article ?
apple watch ; montre ; données médicales ; vie privée

Le géant de l'électronique Apple a présenté hier, le 9 septembre, sa nouvelle montre connectée. Déjà les capacités énormes de l'objet interrogent, notamment sur la question du secret des données médicales. 

L'Apple Watch : un gadget aux capacités infinies

La révélation de cette montre connectée était très attendu par tous les technophiles du monde entier. Dévoilée au côté du nouvel Iphone 6, cette montre a la mission de démontrer qu'Apple est toujours capable d'innover dans un marché des nouvelles technologies toujours plus compétitif. Parmi les très nombreuses applications présentes dans la montre, il y a celle qui regroupe tout ce qui a trait à la santé de l'usager : Health.

Intégrée au système iOS 8, cette application a pour objectif officiel de prévenir l'utilisateur en cas de danger (malaise cardiaque par exemple) ou de détecter des risques. Avec le vieillissement de la population, ces appareils pourraient également permettre le suivi à distance et la conservation d'un suivi très précis de l'historique des patients. En effet, tous comme les autres grands de ce secteur (Google, Samsung), Apple veut se placer au cœur de la révolution de la médecine, qui tend à se personnaliser, et en instituant ses produits comme support d'un carnet de santé en ligne.

Il se pourrait bien qu'Apple soit déjà sur le seuil de cette révolution. En effet, la montre que l'entreprise vient de dévoiler comporterait plusieurs capteurs de données médicales permettant de surveiller le métabolisme de l'utilisateur, via par exemple son rythme cardiaque, son taux d'oxygène ou de sucre dans le sang. Et c'est là que le malaise s'installe, car le sort que compte réserver Apple à ces données médicales reste flou, si ce n'est inquiétant.

Données médicales et recherche de la rentabilité ne font pas bon ménage

Apple profiterait-il du succès annoncé de sa montre pour commercialiser ces données ? C'est la question que soulevait déjà avant le dévoilement de l'apple watch la chaîne d'information Bloomberg. En effet selon elle, Apple aurait rencontré à la fin du mois d'août deux compagnies d'assurances américaines (le leader du marché UnitedHealth et Humana), afin d'évaluer comment ces données pourraient être utilisées dans l'élaboration des contrats proposés par ces compagnies.

La valeur des données serait proportionnelle au degré de gravité de la pathologie affectant le client. Ainsi, plus il serait malade, plus la valeur de son patrimoine génétique serait élevé. La revente de ces données permettrait donc aux compagnies d'assurance d'évaluer et de s'adapter en conséquence de la dangerosité supposée du comportement de leurs assurés.

La montre, on le sait, va très bien se vendre. Les spécialistes estiment aujourd'hui que le nombre de vente, uniquement en France, pourrait atteindre le million en une année. Or, les données collectées pendant son utilisation pourraient bien valoir beaucoup plus que la montre en elle-même.

La législation permet-elle de telles dérives ?

Et la législation ?

Y'a-t-il une barrière législative entre ces dérives supposées et leur concrétisation ? La législation ne permet pas partout l'utilisation mercantile des données de santé. Dans le cas des États-Unis, où la santé est en majorité assumée de manière individuelle, les compagnies d'assurance seraient prêtes à payer afin de pouvoir garder un œil sur le comportement de leurs assurés, et pouvoir faire du cas pour cas en fonction des résultats de ces surveillances. Les remboursements des frais pourraient ainsi se faire en fonction du temps de marche quotidien de l'assuré, de sa consommation d'alcool, de son régime alimentaire, de ses antécédents médicaux,...

Cela pourrait-il arriver en France ? Ici, les données personnelles doivent être déclarées préalablement à toute utilisation extérieur au domaine privé. On se sent donc plutôt relativement protégés mais sommes-nous pour autant à l'abri des dérives ? A l'heure actuelle en France, c'est l'employeur qui est chargé de s'occuper d'une partie de la complémentaire santé de ses employés. Tout cela relève de l'hypothétique, mais dans une société de marché telle que la notre, les entreprises pourraient être tentées par une réduction de leurs frais passant par une négociation avec les mutuelles, et contre la promesse de faire porter à leurs employés des bracelets qui capteraient leurs données. Et ceci ne concerne déjà plus uniquement la fiction. Aux Etats-Unis, la société Appirio a déclaré avoir économisé 300 000 dollars par an en offrant, sur la base du volontariat, des bracelets connectés Fitbit à ses employés. Le danger repose dans l'attractivité que recèle ses gadgets électroniques.

Tout cela peut paraître choquant et incertain, mais cette situation a déjà un pied dans la réalité. Le business des données médicales est celui qui agite le plus la Silicon Valley, où il est déjà possible de vendre ses données génétiques pour la modique somme de 80 dollars...

Vous aimez cet article ?
L'auteur
Laure Hanggi

Laure Hanggi

Rédactrice

Bio

Etudiante en histoire passionnée d'actualité en général et notamment des questions de santé moderne, en tant qu'enjeux de société. Voir plus

commentaires