Episiotomie, une pratique de moins en moins fréquente
Rédigé par La Rédaction , le 08 August 2019 à 12h10
Accouchement et épisiotomie.
Jusqu’à récemment, l’épisiotomie était encore couramment pratiquée par les médecins et les sages-femmes au cours des accouchements. Toutefois, le débat sur les violences obstétricales a permis de réduire sensiblement la fréquence de cet acte. Dorénavant, elle doit toujours être justifiée et obtenir le consentement de la femme qui accouche.
Une baisse significative mais insuffisante depuis une décennie
L’épisiotomie est une intervention qui consiste à inciser le périnée, zone située entre le vagin et l’anus. Cette incision de 2,5 cm à 5 cm de long a pour objectif d’augmenter l’ouverture du vagin afin de faciliter le passage du bébé et d’éviter les déchirures graves spontanées pendant l’accouchement. La coupure est ensuite refermée avec des points de suture.
Selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, le taux d’épisiotomie ne devrait pas excéder 10 %. En France, cet objectif n’est pas toujours atteint. Néanmoins, des progrès significatifs ont été réalisés depuis une décennie. En 2016, 20 % des accouchements ont été accompagnés d’incision contre 55 % en 1998. Par contre, de fortes disparités existent entre les maternités.
Un autre problème subsiste. 50 % des femmes ayant subi une épisiotomie déplore le manque ou l’absence totale de communication sur le motif. Pourtant, depuis 2002 et la loi Kouchner, aucun acte médical, ni traitement, ne peut être pratiqués sans le consentement libre et éclairé du patient. Il peut également le retirer à tout moment.
Une intervention douloureuse mais nécessaire dans certains cas
Ces dernières années, les associations féministes ont érigé l’épisiotomie au rang de symbole des violences obstétricales. Cette expression regroupe l’ensemble des actes médicaux durant l’accouchement qui n’ont pas reçu l’acceptation de la femme qui accouche ou qui ne sont pas indispensables. Le débat sur ce sujet a mis en évidence l’importance du consentement lors de l’accouchement.
Actuellement, l’épisiotomie ne se décide qu’au dernier moment et doit être motivée, explique le Pr Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien au CHU de Strasbourg et secrétaire général du Conseil national des gynécologues-obstétriciens de France. Tel est le cas si la tête du bébé est trop grosse. Pour cause, cette pratique peut avoir des inconvénients comme l’incontinence urinaire ou fécale, une cicatrisation longue et douloureuse, etc.
Malgré son retentissement physique et psychologique pour la femme, l’épisiotomie demeure parfois nécessaire pour éviter les risques liés à l’utilisation d’instruments d’extraction. Aussi, il revient à l’obstétricien de « considérer » l’incision et de prendre en compte les facteurs de risque comme premier accouchement, suspicion d’un enfant de poids important, état clinique du périnée, etc.