Traumatisme crânien, par encore pris au sérieux au football
Rédigé par La Rédaction , le 08 July 2016 à 12h03
Le jeu de tête ainsi que les chocs lors de contacts peuvent entraîner des commotions et des traumatismes.
En 2014, la revue The Lancet Neurology a déjà tiré la sonnette d’alarme sur les dangers des commotions cérébrales sur la santé mentale des footballeurs. Les suites neurologiques à long terme peuvent être dévastatrices. Pourtant, ce problème reste toujours sous-estimé dans le football contrairement à d’autres sports comme le rugby.
Aucune procédure de suivi claire ni de fonds pour la recherche
Si la prise de conscience sur les risques des traumatismes crâniens n’est pas encore acquise dans le football, le manque de données est une des principales raisons. Comme les études de cas post mortem sur d’anciens footballeurs sont rares, les chercheurs ne peuvent établir avec certitude la corrélation entre les commotions cérébrales et une encéphalopathie traumatique chronique ou ETC.
Néanmoins, le manque de données n’explique pas tout. Une étude canadienne datant de 2002 sur 328 joueurs de football américain et 201 joueurs de football a déjà révélé des résultats plus qu’inquiétants. Près de 63% des footballeurs ont en effet eu des symptômes de commotions la saison précédente. Plus de 80% d’entre eux ont aussi été victimes de plusieurs traumatismes crâniens.
Chez les plus jeunes où l’expérience fait défaut et la musculature peu développée, les risques sont encore plus élevés et les conséquences des commotions plus graves. En France, même le suivi du repos obligatoire de trois semaines en cas de suspicion de traumatismes reste difficile en raison du nombre de clubs et de licenciés.
Quelques progrès dans la pratique mais largement insuffisants
Dans le football, les exemples funestes continuent à s’accumuler mais les instances mondiales de ce sport ne semblent pas encore vraiment préoccupées par le problème. Jeff Astle, buteur anglais, célèbre pour son jeu de tête, est décédé en 2002 d’une ETC. En 2015, Andy Wilkinson a été contraint d’arrêter sa carrière à 30 ans suite à un violent traumatisme crânien.
D’un autre côté, les joueurs ont également un comportement parfois irresponsable en minimisant les risques que représente un traumatisme crânien. En 2013, Hugo Lloris, gardien de but du club de Tottenham a perdu connaissance après un choc à la tête mais a refusé d’être remplacé. En 2015, malgré un traumatisme crânien, le défenseur de l’équipe d’Arsenal, Laurent Koscielny, est resté sur le terrain.
Afin d’éviter que ces problèmes ne se reproduisent, l’UEFA a mis en place une procédure en cas de traumatismes crâniens. Désormais, la décision finale appartient au médecin. Il dispose de trois minutes pour évaluer la blessure et décider du remplacement. Il s’agit d’un bon début mais beaucoup de progrès reste à faire.