Perturbateurs endocriniens, une menace pour l’organisme

De nombreuses études épidémiologiques associent les perturbateurs endocriniens à une large gamme de pathologies. Parmi ces troubles ou maladies qui impliquent un dysfonctionnement du système endocrinien figurent l’infertilité, le diabète de type 2 et l’obésité. Chez les enfants, ces substances sont susceptibles de causer des problèmes cognitifs ou neurocomportementaux. 

Des définitions timides et laxistes malgré des dangers avérés

Une définition a été donnée aux perturbateurs endocriniens par l’Organisation mondiale de la santé en 2002. Un perturbateur endocrinien ou PE est une substance ou un mélange extérieur à l’organisme ayant la capacité d’altérer les fonctions du système endocrinien dépendant des hormones. Cela a des effets néfastes sur la santé d’un organisme intact, de ses descendants ou au niveau des sous-populations.

Tout récemment, la Commission européenne a également adopté sa propre définition. Jugé trop flou, le texte de Bruxelles ne fait pas ainsi l’unanimité au niveau des Vingt-Huit. Selon l’eurodéputée Europe Ecologie, Michèle Rivasi, les Etats membres ont donné la priorité aux intérêts de leurs industries nationales au détriment de la santé des citoyens européens lors des négociations.

Les deux définitions font en effet la distinction entre les perturbateurs endocriniens avérés pour l’homme et les perturbateurs endocriniens potentiels. En d’autres termes, elles font la distinction entre le danger et le risque. En conséquence, sur les 800 pesticides sur le marché, seulement un nombre restreint sera interdit d’après François Veillerette, directeur de l’ONG Générations futures.

Des méfaits multiples et des risques importants sur la santé

En réalité, les perturbateurs endocriniens regroupent une vaste famille de composés ayant les propriétés d’interagir avec le système hormonal de l’organisme, surtout avec les fonctions de reproduction et le métabolisme. Le mécanisme d’action est différent d’un composé à un autre. Certains imitent les actions des hormones, d’autres interfèrent avec leur synthèse ou modifient les récepteurs cellulaires.

Un des principaux dangers des perturbateurs endocriniens est leur temporalité complexe. Si une exposition prolongée est souvent nécessaire pour engendrer des effets nocifs, le temps de développement d’une maladie après une exposition est variable. Il est possible que quelques années suffisent pour déclencher une maladie. Dans d’autres cas, les méfaits ne sont visibles que plusieurs générations plus tard.

Les impacts avérés et possibles sur la santé sont nombreux. A titre d’exemple, une expérience réalisée sur des grenouilles a mis en évidence qu’une exposition des têtards à un perturbateur endocrinien provoque un rétrécissement des neurones. D’après les auteurs de l’étude publiée dans Scientific Reports, cela pourrait expliquer l’augmentation des troubles autistiques et la baisse de QI dans le monde.