Exportation d’un pesticide dangereux par la France

Public Eye a lancé en mai 2017 une campagne contre les exportations de pesticides dangereux dans les pays en développement. L’ONG helvétique pointe du doigt plusieurs pays européens. La France qui exporte dans de nombreux pays africains de l’atrazine, un herbicide prohibé sur son propre sol, en fait partie. 

Un ennemi sournois et dangereux dans l’eau potable

Couramment utilisé depuis 1960 pour éliminer les mauvaises herbes, l’atrazine est incolore et peu soluble dans l’eau. Ce qui rend ce puissant herbicide de synthèse encore plus dangereux. Substance toxique interdite sur son propre territoire depuis 2001 et en Europe depuis 2003, la France continue pourtant de l’exporter dans des pays en développement comme le Pakistan, le Soudan et l’Azerbaïdjan.

Classé par l’ECHA ou Agence européenne des produits chimiques comme une substance très toxique pour la vie aquatique avec des effets à long terme, l’atrazine est aussi un perturbateur neuroendocrinien. Ce pesticide affecte le système reproducteur. Il endommage les organes en cas d’exposition répétée ou prolongée. Par ailleurs, cela augmente les risques d’allergies et de cancer.

Une étude menée en France dont les résultats ont paru dans la revue médicale Environmental Health Perspectives a également mis en avant les dangers de l’atrazine sur le développement fœtal. Cet herbicide contamine la nappe phréatique pour se retrouver dans l’eau du robinet. Il est susceptible d’engendrer un retard de croissance intra-utérine et une réduction du périmètre crânien.

Une autorisation en bonne et due forme du ministère

Depuis 2004, la France a enregistré plus de 140 exportations d’atrazine dans des pays d’Asie et d’Afrique. Depuis janvier 2017, le ministère de la Transition écologique et solidaire a déjà autorisé l’envoi de 7 cargaisons de ce pesticide dangereux vers la Chine, l’Ukraine et d’autres pays en développement. Pour l’heure, le ministère concerné n’a fait aucun commentaire sur ce scandale.

Ces exportations d’atrazine constituent en effet des violations flagrantes des conventions de Bâle et de Bamako. La première défend formellement l’exportation des déchets dangereux et autres déchets dans les pays qui ont interdit leur importation. La seconde considère comme déchets dangereux toute substance frappée d’interdiction par les pays producteurs pour cause de protection sanitaire et environnementale.

Les rapporteurs spéciaux des Nations unies sur les déchets toxiques et le droit à l’alimentation enfoncent le clou en qualifiant ces exportations d’atteinte aux droits humains. Le porte-parole de Syngeta, plus grand fabricant d’atrazine, Xavier Thévenot, estime pourtant que le Groupe suisse est en droit d’exporter cet herbicide homologué tout en occultant les dangers avérés de cette substance.