Pas d’espoir d’amélioration pour Vincent Lambert selon le pré-rapport des experts
Rédigé par Clémentine Billé , le 06 May 2014 à 09h15
Vincent Lambert est tétraplégique et en état de conscience minimale depuis 2008
Le pré-rapport sur l’état de Vincent Lambert vient de sortir. La famille se déchire autour de cet homme tétraplégique et en état de conscience minimale, pour le laisser en vie, ou le laisser partir. Le rapport définitif sera rendu au mois de juin, afin d’aider le Conseil d'Etat à prendre une décision.
Etat de conscience « dégradé », lésions cérébrales « irréversibles » : voici ce qu’avance le pré-rapport sur Vincent Lambert. Cet homme de 38 ans est devenu une icône du combat pour ou contre l’euthanasie. Tétraplégique et en état de conscience minimale suite à un accident de voiture il y a six ans, sa famille et le corps médical ne parviennent pas à s’entendre sur un recours ou non à l’euthanasie passive. Alors que trois médecins doivent rendre un rapport au Conseil d'Etat au mois de juin, pour que les sages décident ensuite du maintien en vie ou de la mort de Vincent Lambert, le pré-rapport ne laisse que peu d’espoirs.
Des lésions cérébrales irréversibles selon les experts
Les médecins chargés de ce rapport qualifient de mauvais le pronostic clinique de Vincent Lambert. Les examens durent depuis juin 2011. A ce moment, Vincent Lambert avait été examiné à Liège, en Belgique, par les médecins du « Coma science group ». Suites à une série de tests, l’ensemble de l’équipe médicale avait conclu à son état de « conscience minimale », sans espoir d’amélioration.
Les experts désignés par le Conseil d'Etat « n’ont jamais mis en évidence de réponse permettant de parler d’un état de conscience minimale chez Vincent Lambert. Cela suggère pour les auteurs du rapport un dégradation de son état de conscience ». De plus, les lésions cérébrales subies par l'homme tétraplégique présentent « toutes les caractéristiques de lésions irréversibles » et les auteurs du rapport estiment que les chances d’amélioration sont très peu probables. C’est suite à neuf examens vérifiés et revérifiés, effectués à la Salpêtrière, que les médecins avancent prudemment cette analyse.
Une famille déchirée face au thème de l’euthanasie
Le débat fait rage face au déchirement de la famille. D’un côté, une épouse, Rachel. Elle souhaite « libérer son mari » et soutient l’euthanasie passive, au même titre que François, l’un des neveux de M. Lambert. Ce sont eux qui ont saisi le Conseil d’Etat, après la décision du tribunal administratif de Chalons-en-Champagne qui avaient décidé du maintien en vie du patient, suite à un court arrêt de l’alimentation et l’hydratation. De l’autre, les parents de cet homme, qui avancent leur confession catholique s’y opposent, estimant que leurs fils est « encore présent ».
Le cas de Vincent Lambert est très délicat : L’euthanasie passive, autorisée depuis 2005 avec la loi Leonetti prend en compte les souffrances physiques atroces et maladies incurables, mais pas les situations de handicap, comme celle de cet homme. Les experts restent donc très prudents et estiment qu’il est impossible d’interpréter les réactions de Vincent Lambert aux tests effectués puisqu’elles sont réalisées de manière non conscientes. Seule certitude pour eux : cet homme est incapable d’effectuer une « communication fonctionnelle avec son entourage ».
Les auteurs du rapport ne donnent pas de conclusion définitive aujourd’hui. Ils soulignent que l’atteinte de la conscience de M. Lambert ne saurait constituer le seul élément déterminant de la mise en route d’une réflexion concernant un éventuel arrêt du traitement ». Les avocats des différentes parties doivent également donner leur avis sur ce pré-rapport d’ici au 16 mai, avant le rapport définitif des experts. Le débat contradictoire aura lieu au mois de juin, et aboutira à une décision finale.