L'intelligence artificielle signera-t-elle la fin de l'humanité ?
Rédigé par Laure Hanggi , le 05 December 2014 à 15h59

Pour Stephen Hawking, l'intelligence artificielle pourrait, à terme, représenter une menace pour l'humanité.
Stephen Hawking, le célèbre astrophysicien qui utilise lui même au quotidien une version basique de l'intelligence artificielle pour s'exprimer, s'est montré inquiet face au potentiel de la technologie dans le futur. Un point de vue qui gagne du terrain dans la communauté scientifique, qui craint que l'Homme ne soit dépassé par ses créations.
Un scénario catastrophe : et si la réalité dépassait la fiction ?
Interviewé par la BBC en début de semaine (le 2 décembre), le célèbre astrophysicien Stephen Hawking s'est exprimé sur l'intelligence artificielle. Définie comme « la recherche de moyens susceptibles de doter les systèmes informatiques de capacités intellectuelles comparables à celles des êtres humains », cette intelligence fait de plus en plus parler d'elle, notamment à travers des discours inquiets émanant du monde scientifique. Ainsi, Stephen Hawking estime que l'intelligence artificielle pourrait s'avérer très dangereuse.
« Les formes primitives d'intelligence artificielle dont nous disposons déjà se sont montrées très utiles. Mais je pense que le développement d'une intelligence artificielle autonome pourrait signer la fin de l’humanité", a-t-il ainsi déclaré. Il considère en effet qu'à l'avenir, un scénario « à la Terminator » pourrait se concrétiser, les machines n'ayant plus besoin des hommes pour se prendre en charge car pouvant penser par elles-mêmes.
Le problème réside, selon l'astrophysicien, dans l'autonomie que pourrait acquérir l'intelligence artificielle, l'Homme n'étant donc plus nécessaire à son existence. L'Homme se retrouverait handicapé face à la technologie, par la lenteur de son évolution biologique : « Les ordinateurs peuvent doubler leur vitesse et leur capacité de mémoire tous les dix-huit mois. Chez l'homme, il faut par contre dix-huit ans, environ, avant de pouvoir récolter les fruits du génie génétique, capable d'accroître la complexité de notre ADN et d'améliorer ainsi la race humaine », explique Hawking. Le risque étant que l'ordinateur devienne plus intelligent que l'Homme, ce dernier se retrouvant donc menacé.
Des technologies utiles à l'Homme
Lors de son interview à la BBC, Stephen Hawking s'est tout de même déclaré favorable au développement des nouvelles technologies, qui peut considérablement améliorer le quotidien des hommes. L'astrophysicien lui-même, atteint de la maladie de Charcot qui l'a complètement paralysé, ne peut s'exprimer qu'à l'aide d'une forme basique d'intelligence artificielle, intégrée à un système informatique. Il communique grâce à l'activation d'un capteur par les contractions du muscle de sa joue droite, un des seuls à pouvoir encore être utilisé. Il peut ainsi sélectionner des caractères afin de former des mots, qui sont anticipés par la machine.
Hawking écrit ainsi « deux fois plus vite [que la moyenne] et son usage de l'ordinateur est dix fois plus rapide pour surfer sur Internet, rédiger ou corriger un texte, envoyer des mails, etc », explique Intel, à l'origine de ce système. Cette technologie sera d'ailleurs mise en « open source » dès janvier 2015, autrement dit à la disposition gratuite de la communauté scientifique. « Le fait de rendre cette technologie accessible gratuitement peut potentiellement améliorer de façon considérable la vie des personnes handicapées dans le monde entier », a expliqué Hawking.
Cette double position du physicien est symbolique de la situation dans laquelle se trouve l'humanité aujourd'hui. Il est indéniable que la technologie peut venir en aide à l'humanité de multiples manières, mais l'Homme ne faisant qu'accroître son potentiel, on ne peut savoir jusqu'où celui-ci sera capable de la contrôler.
Certains tempèrent cependant les choses. Pour Rollo Carpenter, créateur de Cleverbot (logiciel de chat basé sur l'intelligence artificielle) et cité par la BBC, l'Homme continuera de contrôler la technologie « pendant encore très longtemps et celle-ci aidera à résoudre nombre de problèmes que connaît le monde ». Il ajoute que si aujourd'hui l'intelligence artificielle complète ne peut être atteinte, elle le sera d'ici quelques décennies. « Nous ne pouvons pas savoir ce qui arrivera si une machine dépasse notre intelligence, donc nous ne pouvons pas savoir si celle-ci nous aidera, nous ignorera ou nous détruira ».
Une inquiétude de plus en plus répandue
Hawking n'est pas le premier à exprimer une inquiétude face au développement de l'intelligence artificielle. Elon Musk, célèbre entrepreneur californien et patron, entre autres, de l'entreprise de fusées Space X, qualifie le développement sans retenue de l'intelligence artificielle de « menace existentielle ». Il appelle ainsi à une réglementation de son développement aux niveaux nationaux et internationaux. Selon lui, le développement de l'intelligence artificielle est comparable au fait « d'invoquer le démon » et serait potentiellement plus dangereux que le nucléaire pour l'humanité.
L'intelligence artificielle était également au centre des débats, des Assises de la sécurité et des systèmes d'information (SSI), en octobre 2014. Laurent Alexandre (chirurgien-urologue et neurobiologiste) qui s'y est exprimé, a également fait part de ses craintes face au développement de cette intelligence. « Notre identité est fondée sur notre cerveau. Mais un continuum est en train de s'établir entre le cerveau biologique, l'intelligence artificielle et les neurosciences ; [et entre ces deux dernières], il n'y aura pas de différence à terme, car un cerveau est un ordinateur fait de viande ».
Même son de cloche pour des chercheurs de l'Université de Cambridge étudiant les fins probables de l'humanité et qui citent l'intelligence artificielle comme l'un des 4 facteurs potentiels de la fin de l'humanité.
Face à ces perspectives peu réjouissantes, Stephen Hawking a cependant la réponse : « nous devons élargir notre horizon en dehors de la planète Terre (…) pour gagner d'autres étoiles et y bâtir des colonies ». L'avenir de l'Homme se jouera donc peut-être loin de notre planète Terre...