Un vaccin dès 9 ans pour lutter contre le cancer du col de l'utérus
Rédigé par Laure Hanggi , le 04 December 2014 à 15h32
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L'OMS veut améliorer la prévention du cancer du col de l'utérus dans le monde entier.
Lors du Congrès mondial de lutte contre le cancer, qui se tenait à Melbourne (Australie) le mercredi 3 décembre 2014, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a publié de nouvelles recommandations pour améliorer la prévention du cancer de col de l'utérus, particulièrement dans les pays les plus pauvres.
Améliorer la prévention et le contrôle du cancer du col de l'utérus
C'est hier, mercredi 3 décembre 2014, que s'est ouvert le Congrès mondial de lutte contre le cancer à Melbourne (Australie), qui doit rendre compte de la lutte contre la maladie.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui y a pris la parole, a émis de nouvelles recommandations, regroupées dans un « Pink Book » (Livre Rose) et censées améliorer la prévention du cancer du col de l'utérus. L'Organisation estime ainsi que les trois injections du vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) pourraient être réduites à deux. De plus, ces deux injections, qui seraient aussi efficaces que les 3 actuelles, devraient être mises en place chez les jeunes filles de 9 à 13 ans, rabaissant ainsi l'âge de vaccination de plusieurs années.
Ces recommandations sont justifiées par la volonté de l'OMS de renforcer la lutte contre le cancer du col de l'utérus, particulièrement dans les pays les plus défavorisés. Comme le rappelle l'organisation, 85 % des 270 000 décès imputables à ce cancer surviennent dans des pays en développement. Baisser le nombre d'injections aurait ainsi l'avantage de rendre la vaccination moins coûteuse et plus simple à mettre en place. « La combinaison d'outils plus efficaces et accessibles pour prévenir et traiter le cancer du col de l'utérus va contribuer à alléger le coût de la santé, en particulier dans les pays à bas revenus », explique Nathalie Broutet, experte à l'OMS sur la prévention et le contrôle du cancer du col de l'utérus.
Quant à la recommandation relative à l'abaissement de l'âge du début des vaccinations, il se justifie, selon l'OMS, par le fait que la vaccin doit être administré avant le début de l'activité sexuelle des jeunes filles.
Pour l'OMS, cette vaccination doit devenir une vaccination de routine, ce qui n'est aujourd'hui le cas que dans 55 pays.
La prévention secondaire doit également être renforcée, afin que le dépistage du papillomavirus, responsable de 99 % des cancers du col de l'utérus, se fasse dès 30 ans. Après un résultat négatif, les prochains tests pourraient être fait dans un délai de 5 à 10 ans, contre 2 actuellement.
Quelle situation en France ?
En France, la question de la vaccination est un sujet sensible. En effet, depuis sa mise sur le marché en 2006, le vaccin a été l'objet de nombreuses polémiques, notamment au sujet de ses potentiels effets secondaires.
Pourtant, le Haut conseil de la santé publique (HCSP), dans un avis rendu public en septembre 2014, se voulait rassurant sur les questions de sécurité et d'efficacité du vaccin.
Le HCSP estime ainsi que « les données internationales démontrent en situation réelle une efficacité vaccinale sur la prévalence des infections à papillomavirus, l'incidence de condylomes (lésions génitales dues au HPV) et des lésions pré-cancéreuses ». Il ajoute également que les données disponibles sur l'utilisation de ce vaccin, basées sur plus de 170 millions de doses délivrées dans le monde depuis 7 ans (dont 5,8 millions en France) « ne permettent pas de retenir l'existence d'un lien de causalité entre cette vaccination et les événements indésirables graves qui lui ont été attribués en France, notamment la sclérose en plaques et d'autres maladies auto-immunes ».
Le HCSP, dans son avis, a également insisté sur le mauvais état de la couverture vaccinale en France, « qui ne permet pas de bénéficier de l'efficacité [du vaccin] constatée dans d'autres pays ». Si la vaccination contre le papillomavirus est pour l'instant recommandée chez les jeunes filles de 11 à 14 ans en France, le Haut Conseil envisagerait « un abaissement à 9 ans de l'âge de la vaccination », afin d'améliorer la couverture vaccinale du pays, tout comme le préconise aujourd'hui l'OMS. Il met en avant le cas d'autres pays ou régions, tels que le Québec, le Royaume-Uni ou l'Australie, qui ont bénéficié de telles mesures.
Le calendrier vaccinal français 2014 a lui aussi mis en place la stratégie des 2 injections, mais l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) ne souhaite pas un abaissement de l'âge de la vaccination.
Une maladie qui tue et un vaccin qui fait polémique
Contrairement à d'autres pays, le couverture vaccinale contre le papillomavirus est en baisse constante en France depuis 2010 : en 2011, 27 % des jeunes filles de 16 ans étaient complètement vaccinées. Elles n'étaient plus que 20 % en 2013. En cause, selon le HCSP, la méfiance alimentée par certains médecins et des affaires judiciaires très médiatisées (des dizaines de plaintes ont été déposées contre le vaccin depuis fin 2013).
Le dépistage demeure nécessaire pour lutter efficacement contre la maladie. À l'heure actuelle, les femmes âgées de 25 à 65 ans, vaccinées ou non, doivent faire des frottis de dépistage tous les trois ans. Elles ne sont cependant que 60 % à le faire, alors que le cancer du col de l'utérus tue plus de milles femmes tous les ans en France.