Les travaux sur l’autophagie récompensés par le Prix Nobel
Rédigé par La Rédaction , le 04 October 2016 à 11h17
Le Pr Yoshinori Ohsumi.
« Déchetterie » de la cellule, l’autophagie est un processus cellulaire de recyclage. Grâce à ce mécanisme, une cellule est en mesure d’éliminer ou de recycler une partie de ses constituants afin de se régénérer, de protéger l’organisme quand les conditions extérieures sont néfastes ou de s’autodétruire lorsqu’elle est malade.
Un mécanisme essentiel pour préserver la santé des cellules
Phénomène découvert dans les années 1960, l’autophagie suscite depuis quelques décennies un intérêt croissant chez les chercheurs. Un dérèglement de ce processus cellulaire engendre un grand nombre de pathologies dégénératives chroniques comme l’Alzheimer et la maladie d’Huntington. Les mutations des gènes impliqués dans ce mécanisme sont aussi responsables de cancers et de maladies métaboliques.
Une meilleure connaissance de l’autophagie permettrait ainsi des avancées spectaculaires en matière de compréhension et de traitement de ces maladies. Arriver à contrôler ce processus catabolique intracellulaire offrirait la possibilité de le stimuler ou de l’inhiber au bon moment en fonction de la pathologie. De même, cela ouvrirait la voie à l’identification et la fabrication de molécules synthétiques capables de le relancer.
Par ailleurs, l’autophagie est une cause de vieillissement chez l’être humain. Selon le Pr Omar Benzakour, chercheur de l'Inserm en biologie cellulaire au sein de l'Université de Poitiers, ce processus permet d’éliminer les mitochondries, centrales d’énergies des cellules. Néanmoins, ce mécanisme se ralentit au fil des années. Redynamiser cette machinerie permettrait de vivre plus longtemps en bonne santé.
Des découvertes majeures pour faire avancer la médecine
Le 3 octobre dernier, le Pr Yoshinori Ohsumi de l’Institut de technologie de Tokyo s’est vu attribuer le prix Nobel de médecine 2016. Le jury a récompensé plus de 25 années de travail de recherches sur l’autophagie. Il a réussi à mettre en évidence les mécanismes complexes de ce processus de dégradation et de recyclage des constituants des cellules.
Cet imminent biologiste, reconnu dans le domaine pour ses nombreuses contributions pour la compréhension de l’autophagie, a débuté ses recherches à la fin des années 1980. Au départ, il s’est plus intéressé à la dégradation des protéines dans les vacuoles de levures, semblables aux lysosomes des cellules humaines. Ses travaux ont fait l’objet de publications scientifiques dès 1992.
Après avoir prouvé l’existence de mécanisme comparable à l’intérieur des cellules humaines, le Pr Yoshinori Ohsumi a identifié les 15 gènes clés entrant dans le processus de l’autophagie et leurs protéines de régulation. La communauté scientifique espère à terme pouvoir mettre au point des innovations pour une vie meilleure et plus longue grâce à ses travaux.