Regarder du porno rend bête : info ou intox ?
Rédigé par Emmylou Drys , le 04 June 2014 à 13h00
Des chercheurs de l’Institut Max Plank for Human Development à Berlin ont effectué des recherches montrant un lien entre pornographie et diminution de la matière grise dans le cerveau de l’homme. Mais il ne faut pas prendre cette information au pied de la lettre…
Depuis quelques jours, une étude fait parler d’elle dans les médias : regarder du porno rend bête et même provoque une diminution de la matière grise à certains endroits, dit-on. Avez-vous besoin de vous inquiéter si vous êtes un ou même une fan de la fameuse actrice pornographique Katsuni ? Pas vraiment selon plusieurs détracteurs de l’étude…
Diminution de la matière grise
Les chercheurs berlinois ont effectué leurs tests sur 64 hommes en bonne santé, âgés de 21 à 45 ans. En moyenne, chaque homme visionnait 4 heures par semaine de vidéos à caractère pornographique. Afin de savoir comment le cerveau réagissait à ces images, ils ont fait passer des scanners du cerveau aux cobayes.
Les chercheurs se sont rendus compte que la taille de la structure cérébrale appelée striatum diminuait quand l’homme augmentait sa consommation de vidéos. Selon eux, cela provoque une activité cérébrale réduite et la matière grise disparait à certains endroits notamment dans le lobe frontal droit.
"Nous avons constaté un lien négatif significatif entre le fait de regarder de la pornographie pendant plusieurs heures par semaine et le volume de matière grise dans le lobe droit du cerveau, ainsi qu’avec l’activité du cortex préfrontal, écrivent les auteurs de cette recherche dans leur publication. Ces effets pourraient indiquer des changements dans la plasticité neuronale résultant d’une intense stimulation du centre du plaisir" reprend le magazine Sciences et Avenir.
En clair, cela pourrait créer des situations de dépendance à la pornographie, sur le même modèle que les toxicomanes qui sont toujours à la recherche de davantage de plaisir.
Le rapport cause/conséquence est invérifiable
Bien que les chercheurs eux-mêmes affirment que des recherches plus poussées soient nécessaires afin d’affirmer concrètement ces allégations, certains spécialistes et journalistes haussent la voie depuis ces derniers jours.
Rien dans l’étude n’explique que le porno est nocif pour le cerveau. Certes, il déclenche des secrétions de dopamine, un neurotransmetteur responsable de la sensation de plaisir et de bien-être et donc peut à terme mener à un comportement addictif. Cependant, prouver que c’est la pornographie qui tue nos cellules grises est impossible car cela peut provenir de nombreux autres facteurs.
Bien que cette étude soit intéressante dans la mesure où aujourd’hui la consommation de pornographie, notamment sur Internet est de plus en plus importante et touche les jeunes catégories de la population de plus en plus tôt, ces résultats sont à prendre avec des pincettes, ce sont les chercheurs eux-mêmes qui l’affirme.