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Triomphe des potions aphrodisiaques au Nigeria : les autorités sanitaires s'alarment

Rédigé par , le 04 April 2014 à 17h30

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Les centaines de vendeurs à la sauvette sillonnent les grandes villes du Nigéria pour vendre les boissons aphrodisiaques

Les centaines de vendeurs à la sauvette sillonnent les grandes villes du Nigéria pour vendre les boissons aphrodisiaques

A Paris, ils ont les minis Tour Eiffel, à Lagos ils ont les potions. Dans la capitale économique du Nigeria, les vendeurs à la sauvette vendent en bouteille des boissons aphrodisiaques. Moins chères que le viagra, elles connaissent un énorme succès. Qu’en est-il de la santé des consommateurs ? 

Trop cher ! Le Viagra n’envahit pas le marché des médicaments aphrodisiaques en Afrique. Et pourtant, les vendeurs à la sauvette envahissent les rues de Lagos, la capitale économique du pays, pour vendre des boissons stimulant ces messieurs.

Satisfaction des hommes pour ce viagra liquide peu onéreux

Un reporter de l’AFP a fait une enquête sur ces liquides aux noms très subjectifs tels que Koboko, signifiant coup de cravache ou Condo qui veut dire bâton. Dans des pays voisins, à savoir le Togo et le Bénin, des produits similaires rencontrent un grand succès auprès des jeunes hommes attirés par leurs noms prometteurs, du « XXL » à l' « atomique » en passant par le « Rox ».

Cette popularité est d’abord due à leur faible prix : moins de deux euros le flacon alors qu’une seule pilule de viagra vaut entre cinq et six euros. Le coût est bien attrayant au Niger, où les habitants ont en moyenne 1,50 euro par jour pour vivre.

Une vendeuse assise sur le trottoir avec devant elle sa bassine remplit de petites bouteilles affirme « La plupart de mes clients font un travail manuel, ils ont besoin d'avoir un regain d'énergie au lit, après une dure journée de travail ». Un homme qui vient de se procurer une « potion » confirme ces propos et confie « j'ai une sensation d'euphorie chaque fois que j'ai des relations sexuelles après avoir consommé des boissons comme le Koboko (coup de cravache) ou le Kondo (le bâton) et ma partenaire me donne l'impression d'être satisfaite ».

Les médecins dénoncent les effets à long terme, de la maladie à la mort

Le nombre grandissant de clients montre une grande satisfaction. En revanche, les autorités sanitaires s’inquiètent de ce phénomène incontrôlable. Si elles ne peuvent ni affirmer, ni infirmer l’efficacité des produits, elles s’inquiètent pour les effets à long terme de ce qu’elles surnomment les « boissons viagras » sur les hommes.

Les autorités sanitaires craignent qu'une fois de plus, les effets de cette substance ne soient que pûre spéculation

Kunle Abifarin, un pharmacien qui ne cache pas sa totale opposition aux boissons déclare au reporter de l’AFP « Si ces boissons étaient bonnes, nous les aurions sur les étagères de nos hôpitaux, de nos dispensaires et de nos pharmacies ». Le principal problème est que la NAFDAC, l’Agence nigériane pour l’administration et le contrôle des aliments et des médicaments, n’a approuvé aucun de ces produits.

Alors que cette organisation sanitaire reconnait que 70% des médicaments mis en vente dans le pays sont des faux, la possible dangerosité de ces liquides s’avère inquiétante. Certains médecins rencontrés ont d’ailleurs estimé que ces boissons aphrodisiaques pourraient provoquer des cirrhoses du foie, une hypertrophie de la prostate, des anémies ou encore des risques de cancer. Ils s’inquiètent ainsi des frais de soins que pourraient amener la prise de ces substances. « Certains (de ces produits) contiennent des substances chimiques qui peuvent causer des problèmes de foie et de reins ensuite très compliqués et onéreux à soigner », estime M. Odukoya. En réalité personne ne connaît la composition exacte des potions.

Un professeur de l’université de Lagos a quant à lui affirmé que les consommateurs peuvent avoir des problèmes de fertilité, ou même tuer. « Ils [ces produits] créent de l'emploi pour les fossoyeurs », dénonce-t-il. Les Nigériens ne se préoccupent pas de toutes ces polémiques mais voient l’effet procuré selon eux, et s’en satisfont. Moruf Adeyemi, un client annonce « on doit tous mourir de quelque chose » avant de terminer simplement « Ma femme est satisfaite de mes performances au lit et ça me rend heureux ».
 

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L'auteur
Clémentine Billé

Bio

Clémentine Billé est rédactrice, spécialisée dans les questions sociétales relatives à la santé.Voir plus

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